Très vite, Alexander et les autres se réunirent et discutèrent, apprenant que la femme inconnue et l’homme inconnu étaient en réalité la femme d’Imrân, Astrid, et que l’homme était le fils aîné d’Imrân, Kalil, tous deux étant aussi des commandants, et certainement les plus puissants après Imrân lui-même.
Faisant connaissance entre eux, Imrân décida d’organiser un banquet pour leur souhaiter la bienvenue.
Tout le village se mit en mode festivité pour ce soir-là. Les préparatifs furent faits à une vitesse impressionnante.
La nourriture fut préparée par les meilleurs cuisiniers de l’île, ainsi que par Delilah qui s’était portée volontaire, sûrement pour apprendre de leurs recettes et s’améliorer au passage.
Il y avait trois longues tables, dont l’une était plus grande que les deux autres.
Sur la grande table, Imrân était assis à l’extrémité, avec Alexander à côté de lui.
Sa femme et ses deux enfants, dont Kalil et sa fille cadette âgée d’à peine une vingtaine d’années, Mathilda, étaient également présents.
« Ce festin est pour nos invités de marque ! Les pirates d’Alexander le Grand ! » rugit Imrân en levant un grand verre à vin en forme de corne. En fait, sur les tables, il n’y avait que ce genre de verre atypique.
Entendant ces paroles, tous les membres de la tribu et les pirates d’Alexander levèrent simultanément leurs verres avant de boire d’un seul trait.
Alexander émit un son de soulagement en terminant son verre avant de se mettre à discuter pendant de très longue heures avec Imrân.
Le temps s’est écoulé et chaque membre de l’équipage était occupé dans le banquet.
Abdul était en train d’apprendre des mouvements d’épée avec Astrid qui s’étaient à un moment donné levée de leur place.
Delilah parlait avec Mathilda, et il semblait qu’elles s’entendaient assez bien.
Alger était assis avec un guerrier portant un grand masque orné de bois dépassant de sa tête et de crocs démesurés pendant vers le bas, certainement un guerrier de la tribu.
Crocus, lui, semblait en pleine discussion avec Kalil. Ayant appris qu’ils étaient tous deux médecins et combattants, ils devinrent rapidement amis.
Le banquet dura toute la nuit, jusqu’au petit matin.
Se réveillant avec une légère migraine, Alexander bâilla et chercha ses vêtements, car il semblait qu’il avait perdu sa chemise et son short durant la fête.
Sans succès, il sentit la frustration monter.
« Pas besoin de chercher tes vêtements, mets plutôt ça », dit soudainement Imrân en lui jetant un ensemble de vêtements qu’il tenait entassés dans ses bras.
Attrapant les vêtements sans effort, Alexander leva un sourcil, interrogatif.
« C’est toi qui as caché mes vêtements ? »
« Ils sont dans ta nouvelle chambre », répondit simplement Imrân.
« Ma nouvelle chambre ? »
« Il y a de la place et du temps, alors autant que toi et ton équipage preniez une maison », poursuivit Imrân en se retournant et en marchant vers la sortie du village.
Mettant rapidement les vêtements ou plutôt le pantalon et les bandages qu’on lui avait donnés, Alexander s’étira dans ses nouveaux vêtements.
« C’est confortable. »
Il portait actuellement les mêmes vêtements que les membres de la tribu : un pantalon noir d’entraînement large, de longs bandages allant des poignets jusqu’aux coudes, et des bandages noirs aux pieds.
Sans claquette, il décida juste de rester avec ça et de marcher pieds nus.
Ça change de d’habitude, pensa Alexander.
Il ne portait pas de haut, laissant son torse musclé et une grotesque cicatrice sur le côté gauche de ses côtes, juste sous l’aisselle, à découvert.
Touchant sa cicatrice, il fronça les sourcils avant de sourire froidement et de suivre Imrân, peu importe où il allait.
Ils marchèrent une bonne dizaine de secondes avant de s’arrêter dans un grand espace dépourvu d’arbres et d’obstacles, mis à part une grande pierre noir bleuté en plein milieu.
« C’est ici que je vais t’apprendre le Haki », déclara Imrân en se retournant vers Alexander, qui observait son environnement.
Alexander hocha la tête.
« Alors, c’est quoi exactement, le Haki ? »
Imrân resta silencieux quelques secondes afin de trouver les meilleurs mots pour exprimer ce qu’était le Haki.
« Il existe différents termes pour le décrire. Certains peuples ici, au ciel, l’appellent “Mantra”, d’autres l’appellent “Ryuo”, mais le terme le plus utilisé est “Haki”. »
« Le Haki est une puissance qui sommeille en tout être, quelle que soit sa race ou sa physiologie. C’est la volonté ou le courage d’une personne matérialisé dans la réalité. »
« C’est un ressenti que différentes personnes ne débloquent pas obligatoirement. Il faut avoir un talent pour cela, ou une volonté et un courage stupéfiants. »
« Finalement, ce pouvoir permet de démultiplier tes sens et de les élever à un niveau transcendant les limites de base. »
« Le Haki, c’est le fait de ne jamais douter, et c’est ça qui en fait sa force. »
Alexander était très concentré sur les mots d’Imrân.
La volonté de ne jamais douter… C’est ça, le Haki ?
Serrant les poings, Alexander les regarda d’un air absent avant de revenir à Imrân, qui poursuivait ses explications.
« Le Haki est divisé en trois catégories. »
« Il y a le Haki de l’observation. »
« Le Haki de l’armement. »
« Et enfin, le dernier, très rare : le Haki du conquérant, ou des rois. Les deux termes peuvent être utilisés. »
À la fin de son explication, Imrân prit, sous les yeux curieux d’Alexander, un épais bandage noir et l’enroula autour de ses yeux.
« Commençons par le Haki de l’observation. Attaque-moi et regarde. »
N’hésitant pas une seule seconde, Alexander se propulsa de toutes ses forces vers Imrân, sans rien retenir.
Un coup de poing en plein visage, qu’Imrân esquiva avec aisance. Il n’avait même pas l’air d’essayer.
Les mains dans le dos, il esquiva toutes les attaques d’Alexander tout en lui expliquant la spécialité du Haki de l’observation.
« Cette branche du Haki te permet de ressentir la présence, la position et les intentions des autres. Grâce à cela, tu sais à qui tu as affaire quand tu es face à un inconnu. »
S’abaissant pour esquiver un coup de pied, il se retourna et arriva derrière Alexander.
« Il te permet de ressentir sans voir, et de prédire les attaques de tes ennemis. »
Arrêtant un coup de poing d’Alexander, il poursuivit :
« Et ce n’est pas tout, car certaines personnes, ayant des prédispositions naturelles, peuvent le débloquer dès la naissance ou avoir des capacités spéciales en tandem avec leur Haki. »
Alexander essaya de retirer son poing, mais sans succès. Imrân le tenait fermement.
« Il existe aussi des applications avancées, mais c’est assez rare. »
« Alors, tu as compris ? »
« Je pense que oui », répondit Alexander.
Imrân relâcha le poing d’Alexander et enleva son bandeau.
« J’espère que oui. Bon, passons maintenant au Haki de l’armement. »
Cette fois-ci, Imrân ne demanda rien à Alexander, mais s’approcha de la grande pierre noir bleuté.
« Cette pierre est ce qu’on appelle un astéroïde, bien qu’il ne s’agisse que d’un fragment. C’est une pierre très dure, assez pour résister à de nombreux coups. »
Touchant la pierre, Imrân sourit d’un air mélancolique.
« Je m’en rappelle comme si c’était hier… le jour où ce corps céleste est tombé. »
« Si ce n’était pour mon défunt père qui l’avait détecté en avance, nous serions certainement tous morts. Enfin, peut-être que cette bête impie aurait survécu. »
« Enfin bref, revenons au Haki de l’armement. »
Alexander hocha la tête et se concentra.
« Celui-là est plus direct. C’est comme si tu avais une armure invisible qui s’enroule autour des parties que tu veux protéger ou avec lesquelles tu veux attaquer. »
« Mais ce n’est pas juste une armure qui apparaît quand on le veut. C’est la manifestation de notre courage dans nos attaque et dans notre défense. »
« Plus tu auras confiance en toi, plus il apparaîtra dur et fort. »
« Pour les épéistes ou tout autre combattant s’armant d’une arme, le Haki de l’armement peut aussi s’enrouler autour d’elle, la rendant plus forte et résistante. »
« Le Haki ne rend pas juste tes attaques plus puissantes et ta défense plus résistante, il te permet aussi de toucher ce qui est intangible, comme les utilisateurs de fruits du démon de type Logia. Ces gens-là sont de vrais casse-têtes. Fais attention si tu les croise. »
Alexander ne put qu’être d’accord sans vraiment comprendre pourquoi.
Il n’avait encore croisé aucun Logia, donc il ne connaissait pas encore le calvaire que c’était de les combattre.
Imrân leva légèrement l’avant-bras pour qu’Alexander puisse le voir.
« D’après ce que j’ai compris, tu as un Haki de l’observation spécial, n’est-ce pas ? »
Alexander réfléchit quelques instants, repensant aux explications d’Imrân sur le Haki, avant de hocher la tête pour confirmer.
Imrân sourit avant de contracter son avant-bras et d’y condenser son « courage ».
Une légère pression se dégagea autour de son bras, qui prit une teinte noir bleuté, à la surprise d’Alexander.
« Alors, tu peux le voir ? »
Alexander hocha la tête en fixant l’avant-bras.
« Seul un utilisateur du Haki de l’observation peut voir un autre utilisateur de Haki. Cela démontre donc que tu as des prédispositions assez puissantes dans ce Haki », poursuivit Imrân avant de se positionner et de frapper violemment le fragment de météorite.
Alexander se gratta la tête, maladroitement, en voyant que rien ne s’était passé à l’impact.
Il pensait qu’il allait y avoir une explosion ou un effet spectaculaire… mais rien.
Avait-il échoué ?
« Non, je n’ai pas échoué, idiot », déclara Imrân en voyant l’expression d’Alexander.
Alexander se raidit.
Il peut lire dans les pensées ?!
« Et non, je ne lis pas dans tes pensées. Tu es juste très expressif. Maintenant, essaye de frapper la pierre et dis-moi tes ressentis. »
Légèrement embarrassé, Alexander se positionna et frappa de toutes ses forces la pierre.
« Hein ? Comment cela se fait-il ? »
La pierre n’avait rien, et son attaque semblait avoir disparu à l’impact.
Alexander se retourna vers Imrân, qui lui souriait sciemment.
« Cette pierre absorbe les attaques ? »
Imrân secoua la tête.
« Non, elle absorbe les chocs, pas tes attaques. »
"T’es attaques on vient fait effet mais tu n’en vois juste pas les conséquences et les dégâts."
« Quoi qu’il en soit, revenons au Haki de l’armement. Au-delà d’une armure invisible aux yeux de ceux qui ne possèdent pas le Haki, il y a d’autres choses plutôt intéressantes que tu peux faire avec. »
Imrân se rapprocha de la pierre.
« Tout comme le Haki de l’observation, celui de l’armement a aussi des techniques avancées. »
L’avant-bras d’Imrân reprit la teinte noir bleuté, mais cette fois-ci, il y avait aussi une sorte de film rouge orangé qui l’entourait paresseusement.
Frappant la pierre, son poing s’arrêta à quelques centimètres de l’impact.
Cela n’échappa pas à Alexander.
« Hein ? Pourquoi tu t’arrêtes ? »
Imrân se remit en position et poursuivit :
« C’est ce qu’on appelle l’émission, la première phase du Haki de l’armement avancé. Cela permet de créer une sorte de bulle pour toucher sans avoir besoin d’un impact direct. Cela pourrait te servir face à quelqu’un qui utilise des pouvoirs de zone. »
"Avec ca, ton Haki est aussi plus fort et plus résistant que celui de base."
Alexander hocha la tête, comprenant que le Haki était vraiment un pouvoir puissant.
J’aurai besoin de ça si je veux prendre le One Piece.
Avant de prendre la mer, Alexander savait qu’il n’était pas le plus fort, mais jamais il n’aurait cru que la différence serait si profonde.
Il allait devoir multiplier ses efforts s’il voulait devenir ce qu’il cherchait à être.
« Pour maîtriser la première phase du Haki avancé de l’armement, il faut que ton esprit soit calme, que tes muscles soient aussi durs que l’acier mais tout étant doux comme une plume portée par le vent. »
« Tu devras laisser couler ton Haki au lieu de le durcir. C’est contradictoire et difficile à faire mais ça en vaut la peine. »
Alexander n’avait pas vraiment d’avis à donner, car il ne possédait même pas le Haki de base, mais il avait quand même une question.
« Ce n’est que la première phase ? Il y en a donc d’autres ? »
Imrân hocha la tête, puis la secoua.
« Évidemment qu’il y en a d’autres, mais t’acharner à le savoir maintenant ne te servirait à rien. À partir du moment où tu débloqueras l’émission, tu sauras inévitablement comment faire le reste. »
Voyant qu’Imrân ne voulait pas en dire plus, Alexander haussa les épaules et passa à autre chose.
« Le Haki est quelque chose qui fleurit dans le combat. Quel que soit l’entraînement que tu fasses, il ne s’améliorera jamais autant qu’un combat à mort face à un autre utilisateur de Haki. »
« Retiens bien ça, car c’est ce qui décidera de ton avenir. »
Alexander acquiesça, promettant de ne pas l’oublier.
Imrân sourit, avant de prendre une expression plus féroce et froide.
« Parlons maintenant du Haki le plus rare et le plus fort des trois. »
« Le Haki des rois. »
Alexander déglutit.
« Ce Haki est complètement différent des deux autres, car il ne peut pas être amélioré par l’entraînement. Il ne peut qu’être maîtrisé jusqu’à un certain point », poursuivit Imrân.
« C’est une forme rare de Haki qui permet d’assommer et d’intimider tes ennemis en matérialisant ta volonté et tes intentions dans la réalité. »
« La pliant ainsi à tes désirs. »
« Mais ce n’est pas tout, car ce Haki peut, à un certain niveau, te permettre de détruire la volonté de ton opposant sans même le combattre. »
« Mais avant ça, j’ai une question pour toi, Alexander. »
Alexander regarda froidement Imrân dans les yeux, sentant où cette discussion allait.
« Quel genre de roi es-tu ? »
Les yeux devenant de plus en plus froids, une pression intangible se déferla comme une vague marécageuse depuis le corps d’Alexander.
Une onde invisible se projeta et percuta Imrân de plein fouet, mais ce dernier resta immobile, impassible.
« Alexander. Je suis Alexander. »
C’était tout.
Un roi ? Non. Alexander n’avait jamais eu de telles pensées. Il avait toujours été lui-même, et c’était suffisant.
Imrân hocha la tête avec reconnaissance, satisfait de la réponse d’Alexander.
Se prendre pour quelque chose ou quelqu’un qu’on n’est pas est la meilleure manière de mourir jeune.
« Je vois. »
Avant qu’une pression absurde et abjecte ne fasse son apparition, détruisant et brisant tout le Haki des rois qu’Alexander avait projeté.
Le sol se craqua.
Et les paroles d’Imrân résonnèrent, puissantes.
« C’est ça, le Haki, être sois même. »