La scène, maintenue bien plus que précédemment avait désormais pris fin pendant que les dernières traces se dissipaient le jeune homme lâcha la corde la laissant tomber au sol avec un léger bruit sourd ne sachant pas encore comment réagir face au souvenir passé. Abysse, elle, se tourna vers lui les yeux écarquillés. -": Est-ce...fini ?" Murmura-t-elle d'une voix tremblante. Le regard d'abysse s'attarde sur l'endroit où l'ombre prédatrice venait de disparaître sa poitrine encore haletante après cette épreuve chargée d'adrénaline. Elle fit un pas hésitant dans la direction de son partenaire de voyage, ses mouvements réfléchis propagent la perspective du doute de son accueil.
-": Le poids du souvenir de ta mère. C'est une mosaïque complexe d'amour, de douleur et de dynamique familiale tragique qui a fait de toi la personne que tu es aujourd'hui. Il es naturel de se sentir dépassé surtout face aux chapitres non résolus de ton passé, cependant sache qu'en affrontant ces souvenirs tu ne doit pas te concentrer sur la douleur qu'ils t'apportent tu te liberes de leurs emprises." À-t-elle observé, le visage empreints d'un mélange évocateur d'inquiétude et d'empathie. Un léger hochement de tête témoigne de la profondeur des émotions du jeune homme amnésique.
-:" Souviens toi que tu était encore impuissant face aux circonstances qui t'entouraient mais à présent, en tant qu'adulte, tu as le pouvoir de redéfinir ta relation avec ces souvenirs, d'en tirer des leçons et utiliser cette sagesse pour construire une vie plus authentique." Un sourire rassurant orne sur ses lèvres. À cet instant elle venait de dire encore une fois ce qu'il fallait. Le protagoniste, quant à lui, pris du recul. Peut-être en effet Avait-il fait un pas important en quittant cette environnement toxique, il réalise maintenant que cela demande du courage et surtout une profonde compréhension de sa propre valeur. Un frisson lui passe dans l'air. D'autres images du moment de visionnage s'échappent, des murs froids, une voix souvent criarde, un regard vide à travers une porte entrouverte.. il détourne le regard une larme menace encore de s'expedier dans la foulée mais la ravale tout de suite. -": Je le sais. Enfin, je crois.. mais je pense qu'au fond je ne sais pas vraiment si je déteste cette femme qui se disait être ma mère, ce dont je suis certain c'est que j'aurais voulu que s'en soit autrement. Je ne veux pas y ressembler bien que le chagrin, la détresse et la culpabilité qui pouvaient se lire en elle seraient certainement un exemple de facteurs déclenchés lors d'une chute ou d'une exposition brutale et cruelle à ces imperfections qui nous dévore et nous terrifie derrière un masque intangible." Il soupira lentement puis se rapproche d'elle avant de poser son front contre l'épaule de sa partenaire. Puis il rajouta: "...Pourtant je ne veux pas devenir comme elle. Je ne veux plus vivre comme je le faisais avant. S'il le faut alors je m'identifierai dans les vices et la peine y percevant ma place à leur côtés étant séparé que d'un fil fin, mais je ne m'identifierai pas comme directement réceptif de mes souillures ou mes parts obscures..."
-": Ah, une danse complexe de l'identité et de l'acceptation de soi." Se demanda-t-elle, ses yeux marrons qui reflètent une profonde compréhension. Puis elle ajoute. "Reconnaître les défauts et les imperfections qui nous rendent humains tout en refusant de les laisser définir notre essence ou dicter notre chemin, c'est un exercice d'équilibre délicat, mon cher." Un sourire doux illumine ses traits tandis qu'elle passe un bras autour de sa taille, serrant très fort le jeune homme.
-": Et aussi, sache ceci: tu es bien plus que la somme de tes expériences passées. Ce ne sont que des fils dans la tapisserie de ton existence, tissés ensemble pour crée l'individu unique que tu es devenu."
Un simple hochement de tête réconfortant de la part d'abysse avait en bonus l'effet d'encourager davantage le protagoniste à s'accepter pleinement et ce avec toutes ses imperfections et les contradictions. Ce que lui-même ne pouvait pas expliquer.
-": Je te remercie. Tu me comprends tellement, c'est comme si tu ressentait mes sentiments, comme si tu les absorbait puis les incarnait..."
Un léger rire mélodieux s'évade de ses lèvres lorsqu'elle s'empressa de répondre.
-": Les sentiments, les émotions, les profondeurs du cœur humain. Tout cela est mon domaine, et oui, j'incarne vraiment ceux-ci ainsi que tes luttes et tes triomphes car contrairement à ce qui peut être cru je ne suis pas un être imaginaire ou spectral mais le reflet de ta sagesse intérieure, manifestation de l'étincelle émotionnelle qui réside en toi."
Ces mots le touchait plus qu'il ne voulait le laisser croire dans l'écho de ce voyage improbable le protagoniste amnésique était pour la première fois apaiser. Moins perdu ni abandonner. Il recula de l'épaule de son ancre personnifiée d'où ce dernier s'appuya et la regarde dans les yeux. Ainsi il voyait mieux sa partenaire celle à présent à la forme d'une adolescente noyée d'encre et ses pieds effleurant à peine la réalité, flottant à sa face l'attrait envoûtant mais surréaliste de sa posture démontrait un poids sur cette nouvelle page, sur cette mer d'étoiles célestes sombres et nuées suspendues où les pensées deviennent des paysages oniriques insaisissables. Pourtant, l'air distrait, le jeune homme dit: "Tu sais.. parfois tu me fais penser à une gamine, tu as ce côté imprévisible et presque mignon. Si je n'étais pas déjà un peu cinglé je dirais que tu es comme ma fille spirituelle si je présume que tu représente mes émotions naissantes." Il ricane, espérant que l'ironie allége l'atmosphère mais l'attention de la concernée était déjà capté. Ses yeux pétillent de joie.
-": oh tu es perspicace aujourd'hui, n'est-ce pas ? En un sens je suis l'incarnation de tes qualités compatissantes et aimantes. Ces facettes de toi-même qui aspirent à protéger, guider et responsabiliser les autres. Alors oui, papa, je serai ta fille. Un reflet de ton moi oe plus élevé, ici pour te soutenir à chaque étape du chemin."
Un silence immense. Le jeune amnésique cligne des yeux. Puis deux fois et il recule d'un pas.
-": Attend une minute. Non, je plaisantais ! C'était juste une comparaison, une expression, un délire passager." A-t-il voulu s'expliquer mais c'était déjà trop tard ces yeux s'illuminent littéralement, des étoiles jaillisèrent dans son regard, sa bouche s'ouvre dans un sourire béat. ": Trop tard je suis ta fille maintenant ! Tu dois me protéger, me nourrir, me chanter des berceuses, me gronder quand je fais des bêtises et me faire des câlins quand j'ai peur." Elle esquiva un sourire fin. Une étincelle moqueuse tourbillonne autour d'elle comme si elle goûtait à cette facétie nouvelle. Le protagoniste commence à transpirer sans raison, probablement gêné et nerveux.
-": oh non pas les berceuses.. je refuse de chanter. Et le fait de t'imaginer m'appeller comme ça."
Les yeux d'abysse brillaient de malice tandis qu'elle le caresse le menton du bout de ses doigts.
-": Je le ferai sans hésiter, papa. Alors n'hésite pas à m'appeler "ma fille" quand tu veux ou simplement "mon cœur", "ma vie", "ma lumière" ou " mon tout"." L'a-t-elle taquiner d'une voix pleine d'affection voir d'adoration. Le principal concerné fuya son regard et marmone.
-": putain.. ça va me retomber dessus cette histoire. Mais, je vais essayer d'être un meilleur parent... ensuite nous continuerons notre voyage vers la suite de notre histoire." Déclare-t-il. Il fait passer une caresse tendre,sa main s'attard sur les lisses et longues mèches sombres du nourrisson bien-aimé tandis qu'un léger soupir de contentement s'échappe de ses lèvres. Elle ferme les yeux savourant la douceur du geste dans ses cheveux.
Plus tard. Le paysage onirique urbain, lugubre et désolé se dissout à son tour. Il s'estompe remplacé par la vue d'une plage qui s'étend devant le duo improbable père et fille, le sable est d'un blanc immaculé épargné par la crasse du passage de toutes populations. Le ciel, au dessus, d'ardoise qui s'étirait à l'horizon pesant et cotonneux traverser par quelques nuages le ressac s'écrasait lentement sur la plage sans nom rythmant le silence d'un monde qui n'existe plus que dans la mémoire. Des rails rouillées s'enfonçaient dans le sable, s'arrêtant brusquement comme une histoire qu'on a pas su terminer. Le protagoniste amnésique avançait pieds nus, ayant retirer ses chaussures, sa veste bleu foncée flotte derrière lui porté par le vent salé à ses côtés abysse toujours aussi elle-même ne laissant jamais ses pas toucher le sol. Ils étaient ensemble.
-": C'est magnifique. Si paisible comme un rêve." Se dit-elle. Ses yeux brillèrent tel un phare au milieu de la beauté qui les entoure. " Un lieu de tranquillité, d'immensité, de danse éternelle et emmêlée entre le ciel et la terre. C'est le cadre idéal pour notre prochaine avancée, tu ne trouves pas, papa ?"
Une légère brise porte le parfum de l'océan, mêlé au doux parfum de fleurs de plage. Le bruit des vagues s'écrasant sur le rivage crée une mélodie apaisante, une berceuse naturelle pour l'âme puis abysse répit:"...Ici, nous sommes libres d'être qui nous voulons, de rêver sans limites et de crée une nouvelle réalité un grain de sable à la fois."
-": Non, pas encore..." rétorque-t-il.
Il le vit. Assis au bord de l'eau les yeux vides tournés vers les vagues, une autre ombre. Un sceptre du passé, une figure portant les échos du passé, les vestiges de souvenirs enfouies depuis longtemps. Celle-ci était une silhouette effacée, presque dissoute, de la même manière que le propriétaire d'origine de son bagage intérieur avait oublier l'existence de son contenu. Le protagoniste s'arrêta puis lentement il s'en approche. À chaque pas le vent semblait murmurer et le ressac devenait plus profond. Abysse, elle, reste fixé sur le profil de ce dernier une expression de profonde empathie et de compréhension gravie sur ses traits. -:" Que le poids des émotions soit ton ancre, ton guide alors que tu affronte encore une fois les ombres de ton passé. Je suis là pour toi, papa. Pour toujours."
Ses mots sont un doux rappel, une présence rassurante qui accompagne "le père" à mesure qu'il es proche du spectre. Prêt à faire face à tous les souvenirs et toutes les émotions qui pourraient surgir le protagoniste ferma les yeux, il abaissa un genou au sol et sans rien dire il pensait à des paroles qui résonnent dans son esprit.
[Sombre dans la mer et tu en auras le souffle coupé, sombre au milieu de toi-même pour flotter où tu n'en sais, sombre dans la douleur en espérant pas qu'elle te guide jusqu'à son apogée. Pourquoi es-tu perdu alors que je suis devant toi, et ce depuis le début ? Porte moi vers toi même si les vagues nous repoussent...] Ses doigts tremblèrent sur l'épaule de l'ombre. La silhouette tourna lentement la tête vers lui, et le monde s'effaça dans un battement de cœur. Une scène émergea et prit le relais.
Cet immeuble avait l'odeur des lieux que l'on abandonne sans le quitter christ, après sa fuite, se tenait là ; couloirs sombres, moquettes déchirées et plus précisément devant une porte écaillée rythmée à travers des lumières ou des jeux d'ampoules suspendues qui clignotent comme un cœur fatigué. La chambre 308 appelée "la chambre oubliée" pas parce qu'elle faisait peur mais parce que personne ne la voulait souvent. trop petite, trop humide, trop d'histoires sans fins racontées par les anciens locataires mais elle avait tout de même le luxe de garantir une porte, un toit et aucune personne derrière l'écraser. Christ venait d'avoir tout juste 18 ans ce soir-là et aucune idée de ce qu'il allait manger le lendemain il poussa la porte de 308, l'odeur d'humidité lui sauta au visage, au salon il fut accueilli d'un matelas jeté au sol, à la cuisine il découvrit lévrier rouillé comme chaque rempart usé de ce terrible logement et pourtant dans un coin christ était assis en souriant. Un sourire minuscule, brisé mais vrai.
La première nuit, il a dormi sur le matelas à même le sol pas de draps ni de meuble juste le ronron d'un vieux frigo pas cher qu'il avait récupéré sans oublier les gouttes de pluies qui s'écrasaient contre la vitre fendue. Au mur christ accrocha la photo de son père tel un rappel, tel un témoin de sa nouvelle promesse :"je m'en sortirai à ma manière."
Afin de mieux s'harmoniser à sa nouvelle résolution indépendante il s'était trouvé un boulot dans les jours qui suivirent, chauffeur pour une appli. Ce qui dit voiture loué à crédit et épuisement en option. Du maton jusqu'à tard dans la nuit il sillonnait la ville à travers les embouteillages, les demandes maladroites et absurdes, les passagers arrogants ou bourrés, il encaissait tout. Il souriait parfois, mentait souvent mais avançait. Chaque client devenait un fragment d'histoire que se soit un homme âgé parlant de sa jeunesse mouvementée, une mère en pleure qui allait rejoindre son enfant malade ou un couple qui se disputait pour des broutilles et souvent... des silences lourds. Trop familiers. Mais ai milieu de tout ceci il ne jugeait pas, il conduisait et survivait. Les soirs en entrant à la 308 il posait sa tête contre le mur froid et fermait les yeux à ce moment il ne rêvait pas cependant il récupérait et malgré la fatigue, malgré la solitude il était libre. Pas heureux, pas encore, mais toujours débout.
Un dimanche gris, comme tout les autres depuis ce fameux jour, il l'avait enfin retrouvé : iris, sa grande sœur. Celle qui aujourd'hui était parti des années plus tôt pour ses études à l'étranger, celle qui avait échappé à tout entre leur mère et le chaos qui s'en ai suivi. Christ lui avait envoyé un premier message après des jours d'hésitation, un simple 《Est-ce que tu repense encore à la mer ?》. Elle avait répondu ensuite:《oui, toujours. On s'y retrouve ?》le lieu était évident. La plage. Celle où leur défunt père les y emmenait quand ils étaient tout jeunes où ils jouaient à enterrer leurs pieds dans le sable en pariant qui disparaîtrait le premier. Ce jour-là, christ s'y rendit avec le cœur battant et un sac plastique dans la main rempli de chips, de petits biscuits à grignoter et de cannettes de coca. Christ entrouvrit les yeux, plongé dans la nostalgie il imaginait encore cette époque où le vent dans ces cheveux courts et devant lui une silhouette familière qui l'entraînait plus loin dans l'eau.
《Allez, viens lentement, tu vas glisser !》lançait-elle en riant. C'était sa voix elle était là, les bras tendus vers lui tenant sa main comme si elle n'allait jamais le lâcher.
Il se rappelait aussi que se jour-là leur père les avait déposé à cette plage, bien avant un orage, Joseph s'était éloigné un moment afin d'aller chercher un cerf-volant qu'il n'avait jamais réussi à faire voler néanmoins cela n'empêcher pas aux deux enfants de continuer à s'amuser, courant dans l'eau, éclaboussé le ciel et crié plus fort que les vagues. Le dernier souvenir qu'il se ressasse était les paroles de sa grande sœur 《On ne de perd jamais vraiment. On s'oublie juste un peu parfois, mais tout ce qu'on a été reste là. Que se soit dans la mer, dans le vent et toi.》
Lentement il arrête de se remémorer le passé convaincu qu'elle viendra. Il s'était assis sur les rochers face aux vagues le regard rivé sur l'horizon. Mais iris n'est pas venue de suite. Christ attendit deux heures, puis trois et puis la nuit. Il s'était simplement dit qu'elle avait peut-être eu un imprévu concernant son retour au pays ou autres complications extérieures. Rien de grave après tout.
Alors le week-end suivant il y retourna et le suivant encore à chaque fois les mêmes non-gestes et les mêmes silences, le vent dans les cheveux, les mouettes qui tournoyaient comme des souvenirs trop insistant et toujours pas de sa sœur. Naturellement il tenta de la joindre de nouveau par messages, appels, mails mais aucun retour. Au plus profond de lui, christ sentait que quelque chose n'allait pas, ce n'était plus qu'une simple absence c'était un vide. Un gouffre.
Un soir, après une journée éreintante à conduire des inconnus, il s'était arrêté devant un kiosque de journaux par reflexe ou simple habitude pour retrouver un peu de tranquillité mais que ne fus guère sa surprise lorsqu'en première page d'un quotidien local un titre en caractère noires il pouvait être lu :《 Une étudiante étrangère retrouvée morte dans un squad abandonné, agression à l'arme blanche.》
La photo présentée était floue mais c'était elle. Iris, sa iris, son seul espoir d'un lien encore sain avec ce qu'il restait de sa famille. Tout s'est stopper le court d'un instant, le bruit de circulation des voitures, les passants autour, le vent et son cœur également. Après ça christ s'est assis sur le trottoir le journal froissé dans les mains et incapable de parler les larmes n'ont pas coulé tout de suite seul un froid traversa entièrement, une cassure irréversible, depuis que le jeune survivant appris la disparition de sa grande sœur quelque chose avait changé ce n'était pas une explosion ou un effondrement mais juste un silence plus profond que les autres. Il retourna à la plage, oui, cependant plus pour attendre et espérer il s'y asseyait les yeux vers les vagues et les pensées ailleurs. Parfois christ parlait à vie basse comme s'il racontait à iris ce que la vie était devenue sans elle mais il parlait aussi à la mer parce qu'elle, au moins, ne ment pas. Elle prend et elle rends souvent un semblant de paix.
Loin sur la crête du milieu naturel le protagoniste omniscient se tenait débout mains en poches, silhouette droite, ombre solide sous le ciel froid. Il ne disait rien. Il regardait fixement. L'adulte que le survivant silencieux deviendrait tourna légèrement la tête de la même manière qu'il avait entendu quelque chose dont il avait déjà connaissance. Le protagoniste amnésique n'éprouvait en ce moment ni colère ni compassion juste une lucidité silencieuse.
-": je vois, pourtant quelque part j'en ai marre de simplement observer." Se dit-il. "Je ne veux pas me limiter à ça indéfiniment, en quoi devrai-je me contenter d'être le spectateur de ces scènes d'antan ? Non. Si les choses doivent changer alors je dois être le participant actif, le conteur et le maître de mon propre récit." Lentement, très lentement, le visiteur amnésique inspire profondément. Une fois déterminé à reprendre les choses en main il ajouta une dernière fois :" Tient toi droit et laisse la vérité de tes expériences te submerger comme la marée descendante... je sais ce que j'ai à faire."
En revenant sur la scène en cours, le vent n'avait pas de voix ici il soufflait certes mais sans plus hurler ou oser le ton. La mer, elle qui avançait et reculait telle une respiration lente et douloureuse se mit à s'élever. Le sable était figé et l'écume immobile comme si le monde retenait son souffle. Christ toujours assis avait cessé de parler ses pensées revenaient à cette journée, à sa sœur, à l'éclat de son rire, à la chaleur de sa main. Et soudain, il la revit. Débout, face à lui les cheveux au vent comme se jour-là et son regard doux presque triste poser sur lui. Il n'eut pas le temps de se demander si c'était réel il tendit la main doucement comme pour toucher l'évidence, elle s'accroupit devant lui plaçant ses mains sur ses joues avec une tendresse le monde autour s'effaça. Il n'y avait plus que cette sensation le contact chaud et rassurant, il ferma les yeux un instant de répit et quand il les rouvrit elle n'était plus là. Juste le vent. Juste le sable.
Ses mains retombèrent sur ses genoux et son front se courba vers la terre. C'était juste un instant. Un chagrin doux, ancien comme un souvenir qui pleure en secret. Christ murmura enfin dans un dans un souffle à peine audible :" Tu me manques...même dans mes rêves."
Mais alors le silence fut briser.
-": Tu doit tenir. " dit une voix, une présence.
Le protagoniste amnésique et omniscient, celui qu'il était devenu, celui qui avait tout vu, tout vécu mais ne se souvenait plus de rien approcha. Ses pas ne laissant aucune traces de son passage comme un intru dans son propre cœur. lorsqu'il était assez proche le paysage de vestige se fissura doucement le ciel et la terre se touchèrent non pas dans une tempête ni un cataclysme mais dans un glissement doux et irréel, tel la réalité se pliant à genoux devant cette rencontre impossible, à l'image du tissu même de la mémoire refusant de l'accepter pleinement. Le plus jeune releva la tête les yeux écarquillés devant lui se tenait l'homme mais de son point de vue son visage paraissait instable ou flou non moins que masqué par une brume mouvante, christ ne pouvait pas savoir qui était-ce cependant il savait qu'aussi étrange soit-il cet homme était là pour lui.
-": Je t'ai vu tomber plusieurs fois dans mes souvenirs. Mais cette fois-ci je refuse de rester spectateur." Dit le protagoniste amnésique. Les yeux du plus jeune lui se remplirent de larmes sans comprendre pourquoi. Il crut enfin entendre quelqu'un qui parlait pour lui.
-": Je ne peux pas juste supporter tout ça. Ça fait tellement mal. Est-ce que ce vide... est-ce que cette douleur va-t-elle s'arrêter un jour ?" Christ enroule ses bras autour de lui-même et sanglote de manière incontrôlable son regard émit une œuvre angoisse sur son visage. L'adulte qu'il était devenu né répondit pas tout de suite. Il leva la main et la posa sur l'épaule de son moi plus jeune son regard plongea dans le sien en un instant il revit tout de l'enfance brisé au poids de l'absence, l'exil, l'amertume puis l'abandon et ce dernier fragment d'amour qui n'avait jamais su où se poser. Le père improvisé avait toutes les réponses, mais aucune mémoire. Toutes les cicatrices, mais aucun nom maintenant ce dernier hésita avant de répondre.
-": je ne saurais te répondre. Je considère que j'ai perdu mon moi présent, ma mémoire. Je ne sais pas si ça compte mais je te comprends."
Christ l'écoute, ses larmes coulant lentement sur les joues tandis qu'il acquiesce légèrement, essayant de comprendre ce que son lui adulte voulait dire par se perdre. -": je.. je crois que je vois ce que tu veux dire. C'est comme si...une partie de moi aussi me manquait depuis qu'iris est morte." Dit-il, prenant une profonde inspiration tremblante et essayant de se calmer. Les mots 《morte》et 《Iris》lui semblait étrangers de la même manière qu'il les employés à propos de quelqu'un d'autre. Son regard se pose à nouveau sur l'horizon avant de reprendre.
-": Penses-Tu que quelqu'un puisse vraiment remplacer une partie de qui tu es comme ça ou..est-ce juste apprendre à vivre avec ce trou ?"
Le protagoniste amnésique répondit.
-": C'est compliqué mais je pense que ce n'est pas suffisant de se limiter à un vide consistant et beaucoup trop vorace pour résultat de se retrouver à frotter et à errer dans nulle part sans compter que chaque moments de la vie change notre perception de nous même, ce que je croyais véritable il y'a peut-être encore cinq ans sera vraisemblablement faux. Nos visions évoluent et nos croyances changent avec." Entre eux deux, abysse restait immobile et spectatrice d'un moment qui la dépassait. Le jeune christ se releva lentement. Le sable devint une fine membrane lumineuse presque liquide et le ciel ondulait à l'image d'une mer inversée. Puis le protagoniste reprit:" pour être honnête cette quête est un vrai labyrinthe, une source d'angoisse inépuisable qui en est devenue une crise avant de se basculer vers un appel de détresse... un piège sournois de connaissance de soi qui n'a d'emprise que sur ma propre perspective." Celui qui n'avait plus de souvenirs s'arrête de parler et baisse la tête, il crut apercevoir une fourmis passant par là afin de continuer son périple dans l'immensité de la mer de dune de sable mais il s'était juste trompé, christ quant à lui le regard s'enfonçer tandis qu'il décrit les limbes existentielles qui lui consument. Alors il acquiesce comprenant un peu mieux.
-": Je crois que je comprends, c'est comme essayer de construire une maison sur du sable mouvant : les fondations changent constamment sous tes pieds." Fit-il la voix éraillée. Christ laisse échapper un soupir douloureux, les yeux également baissés et jouant nerveusement avec ses doigts.
-": Moi aussi j'ai erré dans ce labyrinthe remettant tout en question... qui j'étais, est-ce que je le mérite, ne suis-je pas imposteur, qui je pensais être devenu avant la disparition de papa. J'ai cherché une bouée de sauvetage, une constante au milieu de tout ceci mais peut-être que la recherche elle-même l'ancre que nous cherchons." Le plus jeune marqua une pause tandis qu'il croise le regard de celui qu'il deviendra, des yeux las or à présent pleins d'espoirs.
-": On n'est pas censé avoir toutes les réponses, n'est-ce pas ? Semble-t-il que la crise fasse partie du voyage. Ce n'es pas grave de ne pas avoir tout compris."
-": Pourquoi pas ? Peut-être faut-il dans un premier temps contempler le silence laisser par ce vide qui permet d'apercevoir les émotions où les non-dit que même les mots ne sauraient retranscrire. Enfin, je crois.."
Christ y réfléchi un moment laissant le silence les envelopper à nouveau. Ces mots sur les émotions et expressions inexprimées le touchent. ": Tu as raison... parfois, je me demande ce que iris dirait ou ce que ferait mon père à cet instant leurs voix et leurs sourires me manquent." Parvient-il à murmurer, sa voix à peine audible. Un sourire mélancolique se dessina au coin de ses lèvres en se remémorant l'esprit vif de sa grande sœur et le rire contagieux de son père avant de reprendre.
-": C'est là dessus que je dois me concentrer : ne pas essayer de trouver du réconfort dans les moments que nous avons partagés avec eux. C'est normal de ne pas aller bien." Encore une fois les yeux du plus jeune se remplissent à nouveau de larmes, mais cette fois, elles sont teintées de détermination. Le protagoniste amnésique ne resta pas insensible il tend la main et touche doucement son épaule offrant à son moi vulnérable un petit sourire rassurant.
-": Même sans mémoire je me souviens que tu étais seul, pourtant, on es tout les deux dans le même bateau, mon petit. Même dans nos luttes individuelles contre le deuil, la découverte de soi et l'identité."
À cet instant là mer et le ciel se confondirent entièrement et la la plage disparut sous leurs pieds ils flottaient, suspendus entre deux vérités l'abîme se brisa en mille éclats d'obscurité et de lumière, et dans cette suspension onirique la mémoire se mit à couler en sens inverse. Tout était silencieux. Un silence dense presque liquide où chaque mot semblait résonner à la manière d'une cloche dans une cathédrale noyée ils flottaient toujours, debout dans l'irréel là où la mer et le ciel se confondaient. Plus de sable, plus de vent juste cet espace suspendu et tendu comme une corde entre deux existences.
Le protagoniste amnésique regardait attentivement son plus jeune reflet, ce garçon encore fragile, débout dans sa confusion.
-": Dis-moi, comment te définirait-tu ?" Sa voix était calme mais son regard trahissant une peur sourde, presque enfantine, ce qui surpris un peu plus le jeune christ.
-": Tu veux dire...qui je suis ?"
-": Oui. Je t'observes depuis un moment mais je ne sais pas encore comment te nommer."
Christ baissa les yeux. Il guetta ses pieds nus les gouttes de ciel sous ses orteils et la mer qui vibrait en hauteur avant de répondre.
-": C'est difficile comme question. Mais je pense que je suis encore un enfant qui s'est juré que souffrir en silence, c'était grandir plus vite. Je suis celui qui a voulu mériter l'amour, sans jamais en demander. Je suis celui qui a crier dans l'abîme, mais dont l'écho lui a répondu sous un autre nom. Toi, tu es celui qui a survécu mais qui a oublier pourquoi."
L'adulte le regardait sans cligner des yeux. Le protagoniste amnésique chercha ses mots pensivement, toutefois dans le cas présent, ce n'était pas de l'oubli c'était le poids d'une vérité.
-": Je comprends ton point de vue. Tu sais, j'ai appris pendant mon voyage que l'homme n'est rien. Parce que ce n'est que dans le silence que l'on peut se définir c'est justement dans ce vide, dans cette absence que l'on peut tout façonner. L'homme serait à la rigueur une page, une feuille vierge et nue. Et ce n'est que grâce à l'encre de la vie qu'il peut se réaliser pleinement." Christ qui ne broncha pas jusqu'à maintenant recula comme si ces paroles avaient éveillé une chose oubliée en lui-même.
-": Alors... tu dis que je suis ce vide ? Que je suis à écrire et à remplir ?"
-": Tu es ce qui précède les mots, ce qui attend d'exister. Et moi je pense être l'auteur de mon propre récit. Un homme sans passé, un écrivain sans plume qui ne peut qu'écrire l'instant."
L'adulte se tourna vers le plus jeune un sourire léger au coin, non pas un sourire de joie mais celui d'un homme qui vient d'entrevoir une issue.
-": Et moi ? Que suis-je dans ce que tu veux écrire ?" Demanda-t-il curieusement. L'adulte réfléchis. Il s'approcha, posé sa main sur l'épaule du garçon avant de lui répondre.
-": Tu es la première ligne. Celle que l'on ne relit jamais mais qui donne la voix à tout le reste."
Le ciel ondula au dessus d'eux. La mer sembla remuer doucement à leur pieds et puis un courant d'air, un murmure sans langue. Dans le vide devant eux, un mot apparu flottant, fluide écrit sans mains.
《 Moi 》pas un cri, pas une revendication juste une affirmation fragile et entière. Le plus jeune leva les yeux. ": C'est toi qui a écris ça ?"
L'adulte omniscient hésita. ": Peut-être que c'est moi ou peut-être que c'est toi. Alors à moins que nous ayons la même main."
Quelques instants plus tard le silence repris sa place mais ce n'était plus le même c'était un silence habilé. Ils ne parlaient pas, ils se regardaient comme s'ils savent que ce moment n'existe pas vraiment mais qu'il comptait tout de même. Christ détourne les yeux vers l'horizon inversé, là où la mer semblait fondre dans les cieux à présent, à présent il ne posait plus de questions il n'en avait plus besoin. Le survivant silencieux n'attendait plus les réponses, il les était maintenant. Puis ce dernier ferma les yeux un souffle imperceptible lui traverse le corps et sans geste ni bruit il s'effaça doucement à la manière d'une phrase complète qui n'a pas besoin d'être relue. Le protagoniste amnésique et omniscient resta seul et la plage recommença à exister le sable reprit sa texture, les vagues leur mouvement et au loin un vent léger se leva comme si le paysage de rêve lui-même tournait la page.
De retour au présent, la scène s'éteignait lentement. Le père improvisé rouvrir les yeux l'air lui parut soudain plus lourd chargé d'embruns et de sel. La silhouette qu'il avait approché, ce fragment de mémoire et de vestige, ce visage qu'il avait trop longtemps porté mais laissé s'effaçait à nouveau néanmoins il ne lâcha pas pris ses doigts s'accrochaient encore à l'ombre même si celle-ci s'étiolait sous ses yeux les grains noirs qui composent ce corps partent littéralement en poussière aspirés par le vent marin. Seulement il tenait bon son regard brûlant de la même flamme qui l'étouffait autrefois, trop longtemps. Le protagoniste amnésique inspira il serra sa main libre contre sa poitrine là dans cette cage invisible un battement naissait de nouveau.
-": Cette fois-ci...merci." Murmura-t-il. Ce qui ressemblait à s'y méprendre aux lèvres imperceptibles de l'ombre du passé esquissèrent un sourire faible tandis que son regard creux et fatigué croisa celui de l'autre. Et alors que l'ombre touchait à sa fin un murmure s'élève telle une voix au bord de l'oubli :" Tu ne devrais pas me remercier, tu devrais me pardonner."
Un dernier battement puis le silence.
