Ce jour-là, Nox rentra chez lui plus tard que d'habitude. Après être rentré, il trouva sa femme et son fils en train de discuter au salon, ce qui était très rare vu que son fils était trop réservé auparavant. "Ce n'est pas si mal le changement" pensa-t-il en souriant. Il prit quelques secondes pour contempler la scène avant de dévoiler sa présence.
Tilda avait senti légèrement la présence de son mari avant qu'il ne se dévoile. Même si elle était guérisseuse, à cause de sa lignée un peu spéciale, elle ne demeurait pas moins puissante qu'un guerrier. Elle tourna alors la tête vers la direction où venait d'apparaître son mari.
"Comment fais-tu pour me sentir à chaque fois ? Même si je n'efface pas totalement ma présence, c'est abusé... Ne peux-tu pas te laisser surprendre de temps à autre comme avant..." dit-il en faisant la moue, oubliant la présence de son fils.
"Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu ne vois pas que ton fils est à côté ?" lui demanda Tilda en rougissant.
Rares sont les fois où Nox taquinait sa femme. Mais aujourd'hui, il était heureux en voyant sa famille plus vivante et l'air plus heureux qu'avant. Rien ne valait le fait d'avoir une famille heureuse, même la fatigue qu'il avait accumulée toute la journée s'était évaporée.
Se laissant emporter par ses émotions et ses sentiments, il avait pris la décision de taquiner sa femme. Tilda était une femme très sérieuse la plupart du temps, mais quand elle devenait gênée, on ne la reconnaissait plus. C'était très drôle à regarder. Nox la trouvait très mignonne dans ces moments et se languissait de la réaction de sa femme.
"Déon, mon cher fils, l'entraînement d'aujourd'hui s'est bien passé ? Papa a un cadeau pour toi" reprit-il avec un large sourire en s'avançant puis soulevant Déon, une fois proche de celui-ci, comme un bébé.
Déon n'avait jamais vu son père aussi expressif. En temps normal, il était juste quelqu'un de simple et réservé, mais aujourd'hui, pour une raison quelconque, son attitude avait changé. Déon avait du mal à réagir, à s'adapter à cette situation. Pas une fois dans son monde précédent il n'avait ressenti la chaleur familiale.
Après l'avoir fait redescendre, il sortit de sa poche une bague et la lui remit.
"Tadaa, voilà ton cadeau. C'est une bague de dimension. Cette bague crée une dimension dans laquelle tu peux stocker tout type d'objet, hormis des êtres vivants" lui expliqua-t-il en jetant un coup d'œil à sa femme.
"Je ne t'ai pas oubliée, ma chère femme. Tourne-toi" lui demanda-t-il avec un sourire malicieux.
Après qu’elle se soit tournée, Nox s'approcha de sa femme et lui mit un collier au cou. Tilda était très surprise du cadeau que lui avait offert Nox. Le collier était d'une couleur blanche avec des runes gravées dessus.
Mais la chose qui avait le plus surpris Tilda n'était pas la beauté du collier, mais plutôt ce qu'il était. Le collier que venait de lui offrir Nox était un artefact de rang A.
"Alors tu l'aimes ?" lui demanda Nox, mais le visage de Tilda devenait sérieux.
"Oui, mais..." répondit-elle l'air nonchalant, mais Nox la rassura très vite.
Nox savait pourquoi sa femme était réticente envers son cadeau. Le fait de lui donner un collier de rang A signifiait qu'il avait fermé un portail d'un rang équivalent. Et depuis leur arrivée dans ce village, elle ne voulait plus le voir risquer sa vie même s'il était le chef du village.
"Et moi, je ne mérite pas un cadeau ? Même pas un câlin ?" leur demanda Nox en les fixant.
Tilda ne savait pas quoi penser du comportement de son mari. Mais justement, c'était ce qu'elle aimait chez lui, pensait-elle.
"Je l'aime trop" pensa-t-elle avant qu’elle et Déon ne s’avancent pour lui donner un câlin ensemble.
Nox donnerait tout pour protéger le bonheur qu'il ressentait à cet instant, à jamais. Il sentait que quelque chose était en train de proliférer dans l'ombre quelque part sur le continent. Normalement, les portails de rang A n'étaient pas grand-chose pour lui, mais ces derniers temps, ils s'ouvraient de plus en plus régulièrement aux alentours de leur village, ce qui devenait inquiétant.
Peu importe le type de menace qui s'abattrait sur eux, il protégerait sa famille, il en était capable. Mais même ainsi, il devait trouver quelque chose pour les renforcer. Sa femme était très forte, au point où l'on douterait qu'elle était guérisseuse. Cependant, son fils...
Après leur intimité en famille, Déon se demandait si l'ambiance était propice pour demander à son père quelques éclaircissements sur la technique de l'épée de vérité.
"Déon, ça va ?" demandèrent Nox et Tilda en chœur, remarquant le visage absent de leur fils.
"Hmmm... Aujourd'hui, j'ai lu le manuel de la vérité oubliée mais je n'y comprenais pas grand-chose" répondit Déon, l'air gêné.
Nox et Tilda se regardèrent brièvement quelques instants, visiblement un peu apaisés. Auparavant, lorsque Déon faisait ce genre d'expression, c'est qu'il avait un problème et il était difficile de le faire parler à cause de sa personnalité.
Confirmant que ce n'était pas un problème en tant que tel, Nox prit la parole pour tenter d'éclairer la lanterne de son fils.
"Hmmm, ce n'est pas surprenant que tu n'y comprennes pas grand-chose. Cette technique ne pourrait être comprise par un enfant. Si je te l'ai donnée au début, c'est pour que tu puisses réaliser combien le maniement d'armes était difficile.
J'ai cru que tu allais abandonner au premier obstacle, mais maintenant, en te voyant avec un visage si déterminé, on dirait que j'avais tort."
Déon s'en doutait déjà. Les techniques que lui avaient confiées ses parents étaient trop destructrices, surtout celle de vérité oubliée, pour être confiées à un garçon de douze ans.
Soit ses parents voulaient le faire tourner en bourrique jusqu'à ce qu'il abandonne, soit ils avaient confiance en lui pour réussir. On dirait qu’ils pensaient le faire abandonner, mais il avait fini par surpasser leurs attentes.
Déon se réjouissait déjà de la tête que feraient ses parents s'il finissait par maîtriser cette technique en un temps record.
Nox voulait commencer à raconter l'origine de cette technique et aussi les responsabilités qu’il devrait assumer en l'apprenant. Mais en voyant le visage rayonnant et déterminé de son fils, il comprit qu'il était trop jeune pour être embarqué dans ces histoires...
Et même si, par chance, il finissait par dépasser ses attentes en maîtrisant cette technique pour devenir fort, le choix de prendre une voie lui appartiendrait toujours.
Après avoir fait le point dans ses idées et s'être confortablement assis, Nox commença son monologue.
"Pour faire simple, chaque état de la technique de la vérité oubliée représente le degré d'illumination du praticien.
Pour maîtriser le premier état, celui de l'épée sans forme, il faut atteindre ce qu'on appelle la compréhension de l'épée. Être capable de comprendre l'essence même de l'épée.
L'utilisateur de la technique de la vérité oubliée, en atteignant le premier état, peut percevoir d'innombrables liens ou chemins reliant son épée à des endroits spécifiques, tous synonymes de faiblesses chez l'adversaire.
L'épée sans forme cherche, force jusqu'à trouver des faiblesses, même les moindres, dans la défense de l'adversaire afin de le battre de la façon la plus simple possible.
Plus l’adversaire détient peu de faiblesses, moins seront les liens perçus. Dans cet état, l'épée sans forme s'adapte à toutes les situations, alliant rapidité et précision."
Déon était émerveillé et en même temps, il imaginait combien de temps cela lui prendrait. Comprendre l'essence d'une épée n'avait en rien l'air facile à faire. Mais il était sûr qu'il y arriverait d'une façon ou d'une autre.
"En ce qui concerne le deuxième état : l'oblitération, elle nécessite le niveau d’unification de l'épée. L'oblitération est la manifestation même de la destruction. Dans cet état, l'utilisateur a la même force destructrice qu'un gardien de rang S.
Quant au troisième état, celui de la vérité, les détails sont encore inconnus, mais il faut atteindre la volonté d'épée. À ce niveau, on peut infuser sa volonté à l'épée pour entrer dans le monde des possibilités infinies. Seul le créateur de cette technique a atteint ce niveau, on le soupçonne d'être au rang SS.
Alors, tu as compris ce qu'il faut faire ?" lui demanda Nox en concluant son explication.
"Oui, c'est plus clair qu'avant. Père, qui est le créateur de cette technique ?" lui demanda-t-il enfin. Depuis qu'il avait vu cette technique, il se demandait si c'était son père qui l'avait inventée ou si sa famille avait une histoire plus incroyable.
"Hmmm... Ton arrière-grand-père. Moins tu en sauras, plus tu seras en sécurité. Quand tu deviendras plus fort, peut-être..." répondit Nox faiblement en regardant sa femme.
Remarquant que l'atmosphère commençait à changer, Tilda intervint.
"Et la technique d'archer, c'est plutôt simple à comprendre et en même temps puissant, non ?" demanda-t-elle à Déon, curieuse de connaître sa pensée.
"Oui, c'était vraiment très compréhensible" dit-il en souriant à sa mère pendant que celle-ci préparait la table pour le dîner.
Le deuxième manuel, qui contenait des techniques d'archer, était plus compréhensible. Déon savait ce qu'il avait à faire pour progresser.
Le premier mouvement, Sans ombre, de cette technique nécessitait de se fondre avec la nature. Pas simple à entendre par le nom, mais en pratique cela n'était pas tellement compliqué non plus.
Quant au deuxième mouvement, il consistait à infuser le mana dans une flèche avant de la tirer et de la faire exploser une fois qu’elle avait atteint sa cible. C'était simple mais dévastateur. Plus la densité du mana imbibée dans la flèche était élevée, plus l'explosion était grandiose.
Dans une maison où vivait une femme d'âge mûr toute seule, un homme venait d'apparaître de nulle part via les ombres.
"Madame Jeanne, un portail de rang C vient de s'ouvrir. Voulez-vous qu'on appelle..."
Avant que l'homme eût fini de parler, madame Jeanne l'interrompit.
"Non, prends les hommes de ton escouade pour régler ce problème. Il sera furieux si on le dérange à cette heure-ci. Contrairement à nous, il a encore une famille" répondit-elle avant que l'homme ne disparaisse comme il était venu.