J'ouvris les yeux avec la grâce d'un zombie déshydraté.
Tout tournait. Mon crâne battait comme si un petit tambour s'était installé à l'intérieur. Et pour une raison inconnue… ça sentait le chien mouillé.
Je clignai plusieurs fois des yeux, essayant de comprendre où j'étais.
La dernière chose dont je me souvenais, c'était… des loups géants qui se battaient. Et la douleur.
Ah, et ma vie qui défilait devant mes yeux pendant environ trois secondes.
— Elle est réveillée, annonça une voix grave.
Je sursautai et me redressai…
Mauvaise idée.
Mon front rencontra une poutre.
— AÏE !
Un silence. Puis des rires étouffés. Génial. Je servais de comédie gratuite.
Je me frottai le front en grimaçant. Quand ma vision arrêta de tourner, j'analysai enfin l'endroit.
Une pièce en bois, style chalet rustique. Des fourrures sur le sol. Une grande cheminée éteinte. Et autour de moi, quatre hommes.
Pas des hommes normaux.
Genre… version magazine de mode : musclés, beaux, avec ce genre d'aura qui crie « ne t'approche pas si tu tiens à ta vie ».
Le problème, c'est qu'ils me regardaient comme si j'étais une créature étrange tombée du ciel.
Le plus grand s'avança. Cheveux noirs, yeux dorés, carrure de super-héros.
Et ce regard… intense.
Je ne sais pas pourquoi, mais mon cerveau lança : C'est lui. Le loup noir.
— Humaine, dit-il sèchement. Pourquoi es-tu dans ma forêt ?
Je le fixai, bouche ouverte.
Euh… pardon ? Depuis quand les gens ouvrent une conversation par Humaine ?
— Euh… jogging ? lâchai-je, comme si ça expliquait tout.
Un des types derrière lui éclata de rire, mais se fit fusiller du regard par le grand brun.
Je me ratatinai un peu sur ma chaise improvisée (qui ressemblait à un tronc d'arbre).
— Tu as été mordue, dit-il d'un ton glacial.
Je baissai les yeux sur mon bras, bandé avec… une chemise déchirée.
Ah oui. La douleur, c'était pas un rêve.
— Oui… désolée pour ça, ça ne se reproduira plus ?
Silence.
Un silence tellement pesant qu'on aurait entendu une mouche éternuer.
Les quatre me fixaient comme si j'étais une alien qui venait de demander le Wi-Fi.
Le grand brun soupira.
— Tu es maintenant ma fiancée.
…
Excusez-moi, quoi ?!
— …Pardon ?
Il croisa les bras, l'air d'un roi qui parlait à sa servante.
— Selon la loi de la meute, celui qui mord doit protéger. Tu es donc ma… compagne.
Je le regardai.
Je le regardai encore.
Et finalement, mon cerveau produisit la phrase la plus intelligente de l'univers :
— …Super. Est-ce que ça vient avec l'assurance maladie ?
Le gars blond derrière lui s'étouffa de rire.
Le brun le foudroya du regard.
— Écoute-moi bien, humaine, dit-il lentement. Je ne voulais pas de toi. Je ne veux pas de toi. Et dès que cette… situation sera réglée, tu sortiras de ma meute.
Je crois que je clignai des yeux vingt fois d'affilée.
Alors non seulement j'étais fiancée de force à un loup-garou grognon, mais en plus j'étais indésirable.
Génial. Ma vie sentimentale n'avait jamais été aussi glorieuse.