LightReader

Chapter 4 - La Nuit du Chasseur

Le soleil déclinait lentement derrière la cime des arbres.

Les ombres s'allongeaient, avalant la lumière comme si la forêt voulait la dévorer elle aussi.

Ryo marchait en silence, les yeux rivés sur l'horizon, son esprit encore embrouillé par le combat contre le Luphar.

Le sang séché sur ses mains collait à sa peau, mais il ne le remarquait plus.

Son souffle était calme, maîtrisé.

Il avançait avec prudence, chaque pas pesé, chaque mouvement calculé.

Il avait compris une chose essentielle : ce monde ne pardonnait pas.

Et la moindre erreur signifierait la mort.

Les bruissements dans les feuillages l'accompagnaient comme une mélodie lugubre.

Des yeux brillaient parfois entre les branches, observant, attendant.

Mais rien n'osait approcher.

Le Luphar qu'il avait tué était une terreur de la forêt — et son odeur de prédateur recouvrait désormais Ryo.

---

Fragment de mémoire : Le Luphar

> Bête quadrupède à la peau écailleuse.

Chasseur solitaire dominant son territoire par la peur.

Capable d'émettre des ondes de choc physiques par contraction musculaire.

Ryo a assimilé sa puissance brute, son instinct de traque et la technique d'Onde d'Impact.

---

Il s'arrêta au bord d'un ruisseau.

L'eau était claire, presque argentée sous les reflets du crépuscule.

Il se pencha, s'y regarda.

Le visage qui lui rendait son regard n'était pas celui d'avant.

Ses traits paraissaient plus jeunes, mais ses yeux…

Ses yeux restaient ceux d'un homme qui avait tout perdu.

Il plongea les mains dans l'eau, laissa le courant laver le sang.

Puis il murmura, d'une voix basse :

> — Kaito… Si seulement j'avais eu le temps de comprendre pourquoi.

Son reflet se brouilla, déformé par les vagues.

Il serra les dents.

Ce monde lui avait offert une seconde chance, mais il ne savait toujours pas à quel prix.

Un bruissement attira son attention.

Quelque chose bougeait derrière lui.

Lentement, il se redressa, son regard devenant froid, tranchant.

Le vent tomba.

Plus un son.

Puis un cri, bestial.

Une silhouette surgit des buissons — un fauve au pelage écarlate, les crocs dégoulinants d'une salive acide.

Ses pattes étaient fines mais rapides, et ses yeux… vides.

Aucun instinct, aucune peur.

Juste la faim.

Ryo recula d'un pas.

Il ne voulait pas se battre. Pas encore.

Mais l'animal bondit, toutes griffes dehors.

Le corps bougea avant l'esprit.

Ryo esquiva d'un mouvement sec, frappa la gorge, pivota et projeta la bête au sol.

Elle roula dans la poussière, se releva aussitôt.

Un combat rapide, brutal, sans calcul.

Les coups s'enchaînèrent — patte, griffe, souffle, poing.

Puis un craquement : Ryo s'était glissé sous la gueule et avait planté ses doigts dans la plaie qu'il venait d'ouvrir à main nue.

La bête hurla, puis s'effondra.

Il resta debout un instant, haletant.

Puis il vit à nouveau cette lueur étrange dans ses mains — cette pulsation d'énergie sombre.

Et soudain, il sentit la même chaleur que la première fois.

Cette force qu'il n'avait pas demandée.

---

Fragment de mémoire : Le Fauve Écarlate

> Prédateur mineur de la forêt, utilisant sa salive acide pour ronger la chair.

Son agilité dépasse celle d'un humain.

Ryo a intégré sa vitesse réflexe, sa perception des trajectoires et un contrôle instinctif de ses muscles fins.

---

> — Encore ça…

Il ferma les yeux, essayant de comprendre.

Il ne voulait pas de ce pouvoir.

Mais il ne pouvait pas le refuser.

Le vent souffla.

Un cri répondit au loin.

Plusieurs, en fait.

Ryo leva la tête.

Sur les collines autour de lui, des dizaines d'yeux s'allumaient.

Des prédateurs.

Tous attirés par une seule chose : l'énergie du chasseur étranger.

> — Génial… j'ai réveillé toute la forêt.

Il soupira, se mit en position.

Le sol vibra.

Les bêtes approchaient.

La nuit tomba brusquement, avalant le dernier rayon de soleil.

Et avec elle, le silence avant la tempête.

Une meute entière surgit de l'obscurité.

Des créatures de toutes formes — loups, serpents, félins, hybrides d'insectes.

La forêt entière s'était mise en chasse.

Mais cette fois, Ryo n'était plus la proie.

Il se mit à bouger, lentement d'abord, puis de plus en plus vite.

Ses coups devenaient précis, instinctifs, presque parfaits.

Chaque frappe, chaque esquive, chaque mouvement copiait une technique qu'il ne connaissait pas la veille.

Le pouvoir du Luphar, celui du fauve écarlate, et peut-être d'autres…

Ils s'entremêlaient dans ses veines.

Les monstres tombaient les uns après les autres.

Certains explosèrent sous la pression d'une onde invisible, d'autres furent écrasés contre les troncs d'arbres.

Ryo avançait comme une tempête.

Mais au milieu du carnage, quelque chose changea.

Une vibration plus profonde.

Une présence.

Différente.

La forêt entière sembla retenir son souffle.

Même les monstres s'arrêtèrent.

Un craquement, derrière lui.

Puis un rugissement, qui fit éclater le sol.

Ryo se retourna.

Devant lui, une créature gigantesque sortait des ombres :

un colosse de muscles et de pierre, dont le dos était hérissé de pointes d'os.

Ses yeux luisaient d'un bleu spectral.

L'air lui-même semblait se plier sous sa puissance.

Ryo resta figé.

Pas de peur, pas de panique.

Juste cette sensation glaciale de déjà-vu.

> — Toi… t'es pas comme les autres.

La bête leva une main énorme, s'abattant sur lui.

Ryo esquiva de justesse, le souffle coupé.

L'impact pulvérisa le sol, soulevant un nuage de poussière et de pierres.

Il retomba à genoux, crachant un peu de sang.

Cette fois, il sentait la différence : ce combat-là ne se gagnerait pas par instinct.

Il observa le monstre, son souffle, la tension dans ses muscles, les éclats de lumière bleue sur sa peau.

Puis il ferma les yeux, inspira.

Un battement.

Deux.

Et soudain, le monde se figea.

Tout autour de lui ralentit, comme si le temps lui-même hésitait.

Son regard se vida, son corps bougea seul.

Il fonça.

Le premier coup frappa le ventre du colosse, le second explosa dans son flanc.

Le troisième, dans la gorge.

La créature hurla, tenta de le balayer, mais Ryo se glissa sous son bras et frappa de toutes ses forces dans le genou.

Un craquement.

Un cri.

Et le géant s'effondra à genoux.

Ryo leva les yeux, essoufflé.

Ses poings tremblaient.

Il pouvait sentir chaque fibre de son corps brûler.

Et pourtant… il souriait.

> — Alors c'est ça… chasser.

La bête leva une dernière fois la tête, grogna, puis s'effondra dans un bruit sourd.

Le silence retomba, lourd, presque sacré.

---

Fragment de mémoire : Le Colosse de Pierre

> Entité dominante du troisième cercle de la forêt.

Son corps est une fusion de chair et de roche organique.

Capable de créer des ondes sismiques et de manipuler brièvement la gravité.

Ryo en a assimilé la résistance structurelle, la perception des masses et une partie du contrôle gravitationnel latent.

---

Ryo resta là, debout, couvert de sang et de poussière.

Le regard perdu dans la nuit.

La lune, haute dans le ciel, éclairait son visage d'une lumière argentée.

> — Si ce monde veut me tester, qu'il le fasse.

— Moi, je m'adapterai.

Le vent souffla, emportant l'odeur du sang.

Et pour la première fois, Ryo eut un sourire.

Pas celui du chef de gang.

Celui d'un chasseur.

More Chapters