Le vent glacial fouettait mon visage tandis que les tambours résonnaient au loin.
Chaque battement semblait marteler ma condamnation.
Devant moi, le grand hall de pierre blanche brillait sous la lumière des torches. Des bannières noires flottaient, marquées du symbole du loup à trois crocs — celui de la Meute Veynar.
C'était ici que mon destin prendrait fin.
— Avance, ordonna une voix sèche derrière moi.
Je n'eus pas la force de lever les yeux. Mes doigts tremblaient, agrippant la robe argentée qu'ils m'avaient forcée à porter. Un tissu trop lourd, trop froid, comme la cage d'un oiseau qu'on a brisé avant de le livrer à son prédateur.
Ils m'avaient vendue à lui.
À Arden Veynar, Alpha suprême du Nord.
Un homme dont le nom seul suffisait à faire taire un champ de bataille.
Je n'avais pas le choix.
Mon clan, affaibli par la famine et les attaques ennemies, n'aurait pas survécu à une guerre avec lui. Alors mon père, chef déchu, avait offert ce que je représentais de plus précieux : moi.
Les grandes portes s'ouvrirent dans un grondement.
Et il était là.
Assis sur le trône d'onyx, le regard sombre, la carrure d'un roi façonné par la guerre.
Ses yeux, d'un gris métallique, me traversèrent comme une lame.
Il ne bougea pas, ne dit rien.
Il se contenta de m'observer, comme on observe une proie avant de décider si elle mérite d'être dévorée.
— Approche.
Sa voix était grave, presque inhumaine.
Chaque syllabe vibrait dans l'air, imposant le silence à toute l'assemblée.
Je fis un pas. Puis un autre.
Les dalles de marbre glacé semblaient aspirer la chaleur de mes pieds nus.
Quand je fus à sa hauteur, il se leva lentement. Il dépassait tous les hommes présents, une présence oppressante, presque surnaturelle.
Il prit ma main sans douceur.
Ses doigts étaient froids, puissants, marqués de cicatrices.
Son odeur — mélange de terre humide et de sang — me fit frissonner.
— Lyra de la Meute Seryn, dit le prêtre, la voix tremblante. Acceptez-vous d'unir votre vie à celle de l'Alpha Arden Veynar ?
Je voulus hurler non.
Mais mon père, assis parmi les invités, me fixait avec un regard suppliant.
Pour lui. Pour mon clan.
— Oui… soufflai-je.
Un murmure parcourut la salle.
Arden se tourna alors vers moi.
Il approcha son visage du mien, si près que je pouvais sentir son souffle contre mes lèvres.
— À partir d'aujourd'hui, dit-il d'une voix basse et glaciale, tu n'es plus la fille d'un chef déchu.
Tu es mienne.
Ses mots claquèrent comme une sentence.
Et quand ses lèvres effleurèrent ma peau pour sceller le pacte, je compris que je venais d'épouser non pas un homme… mais une tempête.