LightReader

Chapter 2 - Chapitre II

Après le coucher du soleil, j'attendais son retour avec une seule obsession : qu'il me laisse partir. Oui, je ferais n'importe quoi pour qu'il me lâche. Absolument n'importe quoi. Pourtant, l'horloge indiquait déjà vingt heures, et il n'était toujours pas là. Cette attente interminable me rongeait plus que sa présence.

Je me mis à ruminer, allongée sur le bord du lit, les yeux fixés au plafond.

Où peut-il bien être à une heure pareille ? Au bar, peut-être ? Mais alors, pourquoi m'avoir kidnappée ? Je ne le connais même pas. Je ne lui ai rien fait. Je n'ai de conflit avec personne. Alors pourquoi moi ?

Une idée glaçante traversa soudain mon esprit.

Et s'il m'avait enlevée pour un trafic d'organes ?

Non… impossible. C'est absurde. C'est illégal, inhumain. Et à en juger par la première impression qu'il m'avait donnée, il ne semblait pas être ce genre d'homme. Il avait l'air calme, posé, presque… respectable.

Mais pouvais-je vraiment me fier aux apparences ?

Les pires monstres portent parfois les masques les plus rassurants. Peut-être que le pire restait à venir. Peut-être que ce silence annonçait quelque chose de bien plus sombre.

Que faire, de toute façon ? J'avais déjà tenté de m'échapper plusieurs fois dans la journée. En vain. La villa était immense, mais surveillée de tous côtés. Ses gardes du corps étaient partout, postés comme des ombres silencieuses. Même les servantes semblaient avoir pour mission de ne jamais me quitter des yeux. Chaque mouvement, chaque respiration semblait observée. J'étais prisonnière, même entourée de luxe.

Perdue dans ce tourbillon de pensées, je sursautai lorsqu'une voix résonna non loin de moi.

— Bonsoir, jeune maître !

Mon cœur manqua un battement.

Il est rentré.

Quelques secondes plus tard, la porte de la chambre s'ouvrit. Il entra, une mallette à la main, comme s'il revenait simplement d'une journée ordinaire. Son regard se posa sur moi, détaché, presque insouciant. Aucune trace d'émotion. Comme si ma peur, mon enfermement, ma journée entière n'avaient aucune importance. Comme si tout cela était parfaitement normal.

Et c'est précisément ce qui me terrifia le plus.

Que préparait-il réellement ? Qu'avait-il derrière la tête ? Allait-il s'approcher, profiter de sa position, de mon impuissance ?

Non… Il n'en avait pas l'air. Il dégageait quelque chose d'étrangement élégant, presque gentleman. Pourtant, je ne pouvais pas oublier ce qui s'était passé plus tôt à l'hôpital. Il avait déjà franchi des limites. Et même davantage.

Je serrai les poings.

Je ne dois pas le laisser faire.

Il me fixa longuement, comme s'il évaluait une décision déjà prise depuis longtemps. Puis, d'une voix calme, sans hésitation, il déclara :

— Sois mon épouse.

Choquée par ce que je venais d'entendre, je restai figée un instant. Mon esprit refusait d'assimiler ses paroles. Sois mon épouse. C'était impossible. J'avais dû mal entendre. J'étais sûrement trop perdue dans mes pensées, trop fatiguée, trop paniquée. Oui, c'était forcément ça. Une hallucination passagère.

Mais il ne me laissa pas le temps de reprendre mes esprits.

D'un geste sec, il lança la mallette qu'il tenait à la main sur la table à côté de moi. Le bruit résonna lourdement dans la pièce.

— Signe-le, ordonna-t-il d'un ton autoritaire.

— Quoi ?! répondis-je, totalement déconcertée.

Mes mains tremblaient lorsque j'ouvris la mallette. À l'intérieur, des documents soigneusement rangés, des pages tapées avec précision, froides, sans la moindre trace d'humanité. Mes yeux s'arrêtèrent sur un mot qui me fit l'effet d'un coup de poignard.

Contrat de mariage.

— Mariage ?! Tu veux que je me marie avec toi ? Et en plus, un mariage contractuel ? C'est impossible ! m'exclamai-je, la voix brisée par l'incrédulité.

— Pourquoi est-ce impossible ? demanda-t-il d'une voix parfaitement impassible.

Je levai les yeux vers lui, tentant de reprendre contenance malgré la peur qui me serrait la poitrine.

— Monsieur Skyly… Nous ne nous connaissons pas. Nous n'avons rien en commun. Il n'y a ni amour, ni haine entre nous. Alors à quoi bon aller jusque-là ? C'est inutile, n'est-ce pas ?

Je tentais de paraître raisonnable, presque conciliante, mélangeant flatterie et appréhension. Mais il ne montra aucune réaction. Pas un froncement de sourcil. Pas un soupir.

— Crois-tu que je te demande ton avis ? répliqua-t-il froidement. Ce n'est pas une question. C'est un ordre. Tout ce que tu as à faire, c'est obéir.

— Toi… ! lançai-je en haussant la voix, sans parvenir à terminer ma phrase.

Il me coupa aussitôt.

— Tu auras cinq cent mille dollars comme salaire mensuel.

Je le regardai avec un sourire moqueur, tentant de masquer mon trouble.

— Je peux gagner cette somme toute seule. Cinq cent mille n'est pas un problème pour moi, et...

— Un million, trancha-t-il avant que je ne termine.

Mon cœur s'emballa. Sans réfléchir davantage, je laissai échapper, d'une voix trahissant mon excitation :

— Je signe ! Mais… pourquoi m'as-tu kidnappée ?

Son expression changea enfin. Un éclair de surprise passa brièvement dans son regard.

— Kidnappée ? répéta-t-il. Je ne t'ai pas kidnappée.

— Alors pourquoi m'as-tu amenée ici de force ? Pourquoi m'as-tu enfermée ? demandai-je, la colère remontant.

Il répondit avec un calme déconcertant, presque pédagogique :

— Tu ne voulais pas venir. Tu étais nerveuse, agitée. Il était impossible de parler de coopération dans cet état. Je n'avais pas d'autre choix que de te porter de force. Je t'ai enfermée pour que tu te calmes. Et une fois cela fait, je comptais te proposer cet accord.

Ses mots me glacèrent le sang.

Ce n'était pas un enlèvement à ses yeux.

C'était une simple étape.

Ne parvenant toujours pas à y croire, je le regardai, perplexe, avant de demander d'une voix hésitante :

— Pourquoi moi ?

Il sembla hésiter. Pour la première fois depuis le début, son assurance vacilla légèrement.

— Ça…

— Ça quoi ? insistai-je.

Il détourna brièvement le regard, puis répondit avec une franchise teintée d'un certain malaise :

— Je n'ai jamais ressenti quoi que ce soit face aux autres femmes. Aucune réaction, aucune émotion particulière. Mais avec toi… c'est différent. L'autre jour, lorsque tu m'as sauvé et que je t'ai embrassée, j'ai ressenti quelque chose. Ce matin aussi.

Ses paroles me laissèrent confuse. Je fronçai les sourcils, cherchant à comprendre.

— Tout ça… pour ça seulement ?

— Non, répondit-il aussitôt. Ma famille me pousse également à me marier. Ils organisent même des rencontres arrangées pour moi. Alors j'ai décidé de profiter de cette situation pour conclure ce mariage, avant qu'ils ne m'imposent quelqu'un d'autre.

Un frisson me parcourut. Malgré l'accord financier, une inquiétude persistait, surtout pour ma sécurité.

— Monsieur Skyly, dis-je prudemment, j'accepte les conditions, mais nous ne sommes pas un vrai couple. Toute intimité entre nous est exclue. Nous...

Il m'interrompit calmement :

— Ce n'est pas un problème. Tu peux prendre ton temps. Je n'ai aucune intention d'aller trop loin. Il y aura des limites claires, et elles seront respectées. Tout est précisé dans le contrat. Nous devrons simplement partager la même chambre et apparaître comme un couple aux yeux des autres. Pendant la durée du contrat, tu ne devras voir aucun autre homme, et ce sera pareil pour moi.

Il marqua une pause, puis ajouta d'un ton assuré :

— Je respecterai les règles.

Je le fixai longuement, pesant chaque mot, chaque conséquence. Puis, d'une voix plus basse, je répondis :

— D'accord.

Il me regarda longuement avant de demander, d'un ton posé :

— Quand seras-tu libre ?

Surprise, je fronçai légèrement les sourcils.

— Pourquoi cette question ?

— Rien de particulier, répondit-il calmement. Demain à neuf heures, nous irons récupérer notre certificat.

Je le fixai, perplexe.

— Quel certificat ?

Il répondit avec une aisance déconcertante, mêlant assurance et autorité :

— Notre certificat de mariage, bien sûr.

Ma voix se fit plus basse, presque étouffée :

— Déjà ?

— Le contrat est entré en vigueur dès l'instant où tu l'as signé, répondit-il vaguement, comme si cela allait de soi.

Résignée, je soupirai.

— Oh… d'accord alors.

Il quitta la pièce sans ajouter un mot. De mon côté, j'allai me laver le visage, tentant de rassembler mes pensées avant de rentrer chez moi. L'eau fraîche sur ma peau n'apaisa pourtant pas le trouble qui m'envahissait.

Lorsque je revins au salon, mon sac à la main, il se tenait là, appuyé contre le meuble, comme s'il m'attendait.

— Tu t'en vas ? demanda-t-il.

— Hum…, répondis-je sans conviction.

Son regard était différent de d'habitude. Plus sombre. Plus insistant. Je ne savais pas ce qui se passait dans sa tête, mais une chose était certaine : je n'avais aucune envie de rester ici. Pourtant, il reprit rapidement son ton habituel, faussement calme.

— Reste. Tu peux dormir ici ce soir. Tu partiras demain.

— Ce n'est pas nécessaire, répondis-je précipitamment. Je ne veux pas vous déranger, monsieur…

Sans avoir le temps de terminer ma phrase, il s'est avancé droit vers moi et, très vite, je me suis retrouvée contre un buffet collé au mur, lui plaqué contre moi.

Qu'est-ce qu'il va faire ?

Je voulais courir, ou disparaître, mais je ne le pouvais pas : il était trop près de moi. Il avançait lentement ses lèvres vers les miennes, son regard en disait long. Ses lèvres étaient si proches que je pouvais sentir son souffle, et au moment où elles allaient frôler les miennes, il se détourna brusquement, portant sa bouche jusqu'à mon oreille. Il la caressa doucement de ses lèvres avant de murmurer, en mordillant légèrement mon lobe :

— Tu as peur de rester avec moi ? Peur que je te fasse quelque chose ?

Gênée par cette situation embarrassante, j'aurais tant voulu m'échapper. La voix tremblante, je lui répondis doucement :

— Je… ce n'est pas ce que je voulais dire, je…

Sans me laisser le temps de finir, il poursuivit :

— Tu as peur que je t'enlève ta petite Culotte… ou tu veux juste que je te supplie de rester ? Tu veux que je te… Baise?

À cet instant, sa main glissa autour de ma hanche. Il me serra contre lui avec insistance, m'imposant sa proximité de façon brutale , Je pouvais sentir son érection, et il était si dur ,la panique m'envahit. D'un geste instinctif, je le repoussai violemment, sans qu'il s'y attende.

Je lui assénai une gifle. Mon corps tremblait de peur lorsque je criai :

— Bâtard !

Je m'apprêtais à me précipiter vers la sortie, mais sa main se referma sur la mienne avant que je puisse bouger. D'un geste rapide, il me força à m'asseoir sur le canapé, se rapprochant de moi avec une présence oppressante. Je me retrouvai allongée, immobile, incapable de bouger. Sa main gauche maintenait fermement mes deux mains au-dessus de ma tête, tandis qu'il me fixait avec un regard à la fois intense et difficile à interpréter.

Sa voix, basse et féroce, résonna près de moi :

— Tu crois que je suis intéressé par toi ? C'était juste… de la stimulation. Je ne suis pas intéressé par des femmes comme toi, alors ne te fais pas de fausses idées. Même si tu te mettais à poils, je ne te regarderais pas.

À mesure qu'il parlait, je sentais la peur me tordre l'estomac. Mon cœur battait à tout rompre et je restais figée, incapable de répondre. Il observa ma réaction un instant, puis relâcha enfin mes mains. Lentement, il recula, mais resta près de moi, s'asseyant à côté. Son ton s'adoucit légèrement, presque calme :

— Il est déjà tard. Une fille seule dans la rue… c'est trop dangereux. Tu peux prendre une chambre pour la nuit. Tu retourneras chez toi demain. Ne t'inquiète pas, je ne te ferai rien contre ta volonté.

Il y eut un silence, lourd et pesant, pendant lequel je restai immobile, essayant de reprendre mes esprits. Puis, d'un geste détaché, il se leva et s'éloigna, disparaissant dans sa chambre.

Seule dans le salon, je restai figée quelques secondes, le souffle court, le cœur battant encore à tout rompre, comme si chaque battement résonnait dans toute ma poitrine. La peur, le soulagement et la confusion se mêlaient dans un mélange étouffant, m'empêchant de penser clairement. Mes mains tremblaient légèrement, mes jambes semblaient vouloir céder, et un frisson glacé me parcourait de la tête aux pieds. Je compris alors, avec une lucidité troublante, que malgré ses paroles rassurantes et son départ, la nuit promettait d'être longue, insaisissable, et profondément troublante.

 Chaque bruit, chaque ombre dans la villa semblait désormais chargé d'une tension que je ne pouvais ignorer, et je sentais que mon esprit ne trouverait pas facilement le repos.

More Chapters