La nuit était tombée depuis longtemps.
Ange était allongé sur son lit, le regard rivé au plafond fissuré de sa petite chambre. La pièce était sombre, à peine éclairée par la lumière d’un lampadaire filtrant à travers les rideaux usés.
Son esprit bouillonnait.
"1 million 500 mille... où je vais trouver cette somme ?"
Il ferma les yeux. Les images défilaient : sa mère pleurant dans le salon, les mots du docteur, le regard fatigué qu’elle cachait depuis des semaines. Il avait toujours cru que l’école le sauverait. Que s’il travaillait dur, un jour, il pourrait la sortir de là.
Mais cette illusion venait de voler en éclats.
"Et si elle meurt... ? Qu’est-ce que je vais devenir ?"
Une pensée étrange germa dans son esprit. Une idée qu’il aurait repoussée auparavant, sans même y réfléchir.
Et si je contactais Gabriel ?
Il hésita quelques secondes, le cœur battant. Puis il attrapa son téléphone et composa le numéro de son ami.
Gabriel répondit rapidement.
— Allô ?
— Gabriel… faut qu’on parle. C’est grave.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Gabriel, alarmé.
Ange n’eut pas besoin d’y aller par quatre chemins. Il raconta tout. Sa mère. L’appel du médecin. L’argent. Sa peur. Sa colère. Son impuissance. Il parla longtemps, sans interruption, la voix tremblante.
Au bout du fil, Gabriel resta silencieux pendant quelques secondes. Puis sa voix devint sérieuse, presque solennelle.
— Rejoins-moi. Ancien studio abandonné près de l’école. Maintenant.
Ange raccrocha. Il n’avait pas le temps d’hésiter.
Il enfila une veste, quitta la maison sans un bruit, et se mit à marcher dans les rues silencieuses. Une fois devant le bâtiment délabré, il inspira profondément, puis poussa la porte.
Ce qu’il découvrit le laissa sans voix.
L’intérieur n’avait rien d’un endroit abandonné. Les murs étaient couverts de cartes, de photos, de documents organisés sur des tableaux. Un grand bureau occupait le centre, éclairé par une lampe à batterie. Des fauteuils usés, mais confortables, entouraient une table basse. C'était devenu un véritable Q.G., un quartier général clandestin.
Gabriel l’attendait. À ses côtés, Danielle, appuyée contre un mur, les bras croisés, l’air sérieuse mais bienveillante.
— Bienvenue dans le vrai monde, frère, dit Gabriel en s’approchant.
— Ici, on apprend à ne pas suivre les règles. On les réécrit.
Ange comprit alors qu’il avait mis les pieds dans un univers bien différent de tout ce qu’il connaissait. Un monde sans limites. Un monde dangereux. Mais peut-être… le seul qui pouvait le sauver.
Ange fit quelques pas dans la pièce, ses yeux balayant chaque recoin. Il restait silencieux, jusqu’à ce que la question sorte presque toute seule.
— Mais… qu’est-ce que vous faites vraiment ici ?
Danielle échangea un regard avec Gabriel, puis croisa les bras, méfiante. Son ton se fit sec :
— Tu lui as tout dit, Gabriel ? T’es sûr qu’on peut lui faire confiance ?
Gabriel hocha lentement la tête, un léger sourire au coin des lèvres.
— Ange n’a pas vraiment le choix. Et puis… c’est un mec bien. Je le connais depuis longtemps.
Danielle haussa un sourcil, pas totalement convaincue.
— Un mec bien ? En quoi il va nous être utile ?
Gabriel se tourna vers Ange et posa une main sur son épaule.
— C’est le seul qui m’a démasqué. Il a des compétences d’observation et d’analyse de fou. Il remarque des trucs que personne ne voit. Ce genre de cerveau, on n’en croise pas tous les jours.
Danielle regarda Ange plus sérieusement maintenant. Son regard n’était plus seulement méfiant, mais curieux, presque… respectueux.
— Tu sais dans quoi tu t’embarques, au moins ? demanda-t-elle.
Ange la fixa droit dans les yeux. Il inspira profondément.
— Plus ou moins. Je sais que vous êtes des voleurs. Mais j’ai besoin d’un million cinq cents mille. Si je ne fais rien, ma mère… elle risque de ne pas s’en sortir.
Un silence s’installa. Puis Gabriel prit la parole, la voix calme mais ferme.
— T’en fais pas, frère. Ce qu’on prépare là, c’est pas n’importe quel coup. C’est le coup. Si tout se passe comme prévu, on empoche cinq cents millions.
Il fit une pause, puis ajouta avec un sourire en coin :
— De quoi vivre tranquille pendant longtemps. Et plus besoin de voler ensuite.
Ange sentit son cœur s’accélérer. Cinq cents millions ? C’était irréel. Mais l’énergie dans ce Q.G., les regards déterminés de Gabriel et Danielle, tout cela lui disait une chose : ce n’était pas un rêve. C’était réel. Et il en faisait désormais partie.
Bien reçu mon ami. Voici la suite du chapitre, fidèle à ton style et à ton intrigue :
Danielle s'approcha d’un tableau couvert de plans, de notes et de photos accrochées avec des punaises rouges.
— La cargaison en question, c’est de l’or. Elle transite par voie ferroviaire depuis San Pedro jusqu’à Abidjan.
Elle marqua une pause, son doigt suivant une ligne rouge sur la carte du pays.
— On nous a confirmé qu’un gros chargement de plusieurs tonnes est actuellement en route. Destination finale : le port d’Abidjan. De là, il doit partir pour Londres.
Gabriel s’approcha à son tour, les bras croisés.
— Mais nous, on ne va pas le laisser arriver jusque-là. On va l’intercepter avant.
Ange fronça les sourcils, inquiet.
— Et s’il y a des agents de sécurité ou un truc du genre ?
Gabriel sourit légèrement, comme s’il attendait la question. Il se dirigea vers une caisse métallique posée dans un coin sombre du studio, l’ouvrit et en sortit un objet semblable à un fusil, mais d’un genre nouveau.
— On a prévu le coup.
Il brandit l’arme devant lui.
— Ce sont des fusils endormants, avec des aiguilles paralysantes. Ils sont silencieux, efficaces, et ils ne tuent pas. C’est Jules qui les a conçus. Un vrai génie du bricolage.
Ange, curieux, demanda :
— Et il est où ce Jules ?
— C’est lui qui va conduire le camion, répondit Gabriel.
— Il fait partie du plan depuis le début. Ça fait des semaines qu’on prépare ça.
Danielle enchaîna :
— On a aussi deux infiltrés déjà placés sur le terrain. Ils bossent dans la maintenance du convoi.
Gabriel ajouta :
— Et on a un gars à nous dans la sécurité du transport. C’est lui qui nous a tout balancé. Ils sont dix-neuf au total.
Ange ouvrit grand les yeux.
— Dix-neuf ? Sérieux ? Et si quelqu’un meurt pendant l’opération ?
Gabriel s’approcha, posa une main rassurante sur son épaule.
— Personne ne mourra. C’est là que l’effet de surprise entre en jeu. Tout doit être millimétré. On est pas là pour tuer, juste pour frapper fort, vite… et disparaître.
Il alla chercher un sac noir qu’il tendit à Ange.
— Voici ton uniforme. Désormais, t’es des nôtres. Prépare-toi bien. L’opération commence demain à 19h. Et je veux que tu sois là à l’heure.
Ange prit le vêtement avec un mélange d’hésitation et de détermination. Il savait une chose : ce choix allait changer sa vie à jamais.