Ange se tenait devant le miroir crasseux de l’ancien studio. Il fixait son reflet, perdu dans ses pensées.
“Est-ce que je suis vraiment prêt pour ça ? Est-ce que je peux devenir un voleur, juste pour sauver celle qui m’a tout donné ?”
Le regard dur, il serra les poings.
“Je n’ai plus le choix. Si je ne fais rien… elle mourra.”
À 19h tapantes, ils étaient tous prêts. Vêtus de noir, masques en poche, chacun connaissait son rôle. Le plan était clair.
Jules était déjà en route, déguisé en chauffeur du camion de secours. Deux infiltrés se trouvaient à bord du convoi ferroviaire. Le train devait ralentir vers le pont de Koumassi, là où les rails faisaient une courbe dangereuse, créant un ralentissement naturel. C’était là qu’ils interviendraient.
Gabriel donna les derniers ordres, la voix ferme.
— « On entre à trois. Danielle neutralise les agents à l’arrière. Ange, toi tu t’occupes des deux gardes à l’avant avec les fléchettes. Moi, je m’occupe du poste de commande. »
Un silence de mort s’installa dans le fourgon. Puis, le signal radio grésilla.
— « Cible en approche. »
Gabriel leva le poing.
Le fourgon s’élança, camouflé derrière un camion de transport banal. À l’instant où le train ralentit, le groupe surgit. L’un des infiltrés actionna un frein d’urgence depuis l’intérieur. Le train gronda, freina brutalement. Le convoi s’arrêta au milieu de nulle part.
Danielle bondit comme une ombre, fusil paralysant en main. Deux gardes tombèrent avant même d’avoir crié. Ange tremblait, mais visa juste. Il toucha le premier agent au cou, l’autre à l’épaule.
Gabriel fonça dans le poste de commande et neutralisa les deux agents restants avec précision.
En moins de deux minutes, le silence était revenu. Le train leur appartenait.
Gabriel ouvrit l’un des conteneurs. Un souffle de stupeur s’échappa de ses lèvres. L’intérieur brillait d’un éclat doré, presque irréel. Des lingots d’or, empilés par dizaines.
Ange, les yeux écarquillés, murmura :
— « C’est… réel. »
Gabriel sourit, l’œil brillant.
— « Et ce n’est que le début. »
Tout semblait sous contrôle.
Alors que Gabriel chargeait les derniers sacs d’or, son regard fut attiré par un éclat particulier dans une boîte en métal. Il s’en approcha, l’ouvrit… et resta bouche bée.
— « C’est quoi ça… ? »
Un étrange artefact circulaire, finement sculpté, reposait dans un coussin de velours noir. Un œil doré, orné de symboles étranges, brillait d’une lumière douce mais hypnotisante.
Gabriel le saisit, fasciné.
— « On dirait que ça vaut une fortune. »
— « C’est… magnifique, » murmura Ange.
Danielle hocha la tête, tout aussi captivée.
— « On embarque. »
Mais alors qu’ils s’apprêtaient à fuir par la sortie latérale, un bruit sec retentit :
Bang ! Bang ! Bang !
Des coups de feu. Réels. Proches.
Gabriel sursauta, jetant un regard vers l’extérieur.
— « C’est pas normal… PERSONNE ne devait savoir. »
Des projecteurs illuminèrent la zone. Des silhouettes armées surgissaient dans l’ombre. Ils étaient encerclés.
— « Merde ! » s’écria Danielle.
Ange, la gorge sèche, balbutia :
— « Les flics… Ils… ils nous attendaient ?! »
— « Pas le temps ! À gauche ! »
Ils foncèrent vers la sortie opposée, mais un barrage les y attendait aussi. Sans hésiter, Gabriel dégaina une matraque volée, assomma deux policiers dans un élan furieux, puis sauta sur l’un des véhicules.
— « Montez !! » hurla-t-il.
Ange et Danielle s’engouffrèrent dans la voiture de patrouille juste avant que d’autres tirs ne sifflent. Gabriel démarra en trombe, percutant un plot de sécurité. La voiture bondit et dérapa, poursuivie aussitôt par deux autres véhicules de police.
À l’intérieur, l’atmosphère était électrique.
— « C’est pas normal ! » gronda Gabriel. « Quelqu’un nous a BALANCÉS ! Les flics devaient même pas savoir où chercher ! »
Danielle, tendue, scrutait la route à travers le pare-brise fissuré.
Ange, haletant, jeta un regard vers les sacs d’or entassés à l’arrière, et l’œil doré brillant entre eux.
— « On a… on a failli y passer. »
Gabriel accéléra, prit une ruelle étroite, manqua de peu un kiosque, puis tourna brusquement à droite.
La sirène des policiers s’éloignait…
Et enfin… le silence.
Ils avaient réussi. Ils s’étaient échappés.
Mais quelque chose clochait.
Quelqu’un les avait trahis. Et maintenant, tout allait changer.
23h54.
Les pneus crissèrent une dernière fois sur l’asphalte défoncé avant que la voiture ne s’arrête devant l’entrée du Q.G. abandonné.
Le trio sortit du véhicule, essoufflé mais souriant.
Gabriel leva les bras vers le ciel, hilare.
— « On est riches, bordel ! R-I-C-H-E-S ! »
Danielle riait, soulagée, sa main toujours serrée autour du sac contenant l’œil doré.
Ange, lui, avait le regard vers les étoiles, le cœur battant à tout rompre.
Il pensa à sa mère. À l’hôpital. À ses yeux fatigués, à sa voix faible. Il murmura :
— « Maman… je vais te sauver. »
Gabriel reprit, plus sérieux :
— « Faut planquer tout cet or. Rapidement. Et on doit trouver des acheteurs. Ça… ça peut nous rapporter des centaines de millions, les gars. »
Danielle hocha la tête, les mains sur les hanches.
Ange souriait encore, l’adrénaline lui collant à la peau.
Mais à peine eurent-ils fait un pas vers la porte du bâtiment…
Un bruit sourd.
Une ombre tomba du toit comme un fauve.
En un éclair, un homme blanc, grand, musclé, au visage dissimulé sous une capuche sombre, atterrit juste devant eux.
Avant qu’ils ne puissent réagir, il avait attrapé Danielle par la gorge, plaquant un couteau effilé contre sa peau.
— « Pas un geste. »
Le ton était glacial. L’accent à peine perceptible.
Gabriel et Ange figés, les mains levées.
— « Vous allez rester bien calmes… » poursuivit l’homme, le regard menaçant.
— « Sinon, elle meurt. »
Le souffle d’Ange se coupa.
Le rêve… venait de virer au cauchemar.