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Chapter 119 - Chapitre 119 – The Fall of Dawn

Le fracas de la guerre explosa avec la première lumière du jour.

Les tirs fendirent l'air en rafales sèches. Les balles ricochaient sur les murs du refuge, arrachant éclats de pierre et nuages de poussière. Les cris se mêlaient au grondement des moteurs, à l'odeur âcre de poudre et de sang.

Sofiane, accroupi derrière une barricade, visa, tira. Un ennemi s'effondra dans la boue. Julien, plus haut sur la passerelle, hurlait des ordres.

— Feu de couverture ! À gauche ! À gauche !

Mouna bondit entre deux abris, traînant une caisse de munitions.

— On est à court sur la ligne nord ! cria-t-elle.

— Tenez encore ! répliqua Sofiane. On ne recule pas !

Un obus tomba à une vingtaine de mètres. L'explosion projeta de la terre, des morceaux de bois, et un cri déchira l'air — un des jeunes tireurs venait d'être fauché.

Zahira accourut malgré les débris, sa trousse serrée contre elle. Elle se jeta à genoux, tenta de comprimer la plaie, mais le garçon ne respirait déjà plus. Son visage se crispa, mais elle resta là, figée, le souffle court.

Sofiane la vit, hurla :

— Zahira ! Derrière la barrière ! Vite !

Elle obéit, reculant, les yeux vides. Une rafale passa tout près de son épaule.

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Le refuge tremblait de tous côtés. Le béton vibrait sous les impacts.

Cynthia, dans la salle inférieure, berçait Younes pour étouffer ses pleurs.

— Chut, mon ange, chut…

Les bruits de la guerre semblaient venir d'un autre monde, mais les échos résonnaient à travers les murs. Chaque détonation faisait trembler la poussière du plafond.

Mouna entra en trombe, couverte de sang — pas le sien.

— Cynthia, descends au tunnel maintenant !

— Et toi ?

— J'y vais après. Vas-y !

Cynthia hésita, serra Younes contre elle.

— Je ne le laisse pas seul là-haut.

— Sofiane te l'a ordonné !

Un autre impact. Le sol vibra, les lampes clignotèrent. Cynthia recula, serrant plus fort son fils.

— D'accord. Mais reviens. Promets-moi.

Mouna esquissa un sourire triste.

— Promesse de survivante.

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À l'extérieur, le ciel était un voile de fumée. Le soleil, filtré à travers les nuages gris, ressemblait à une lampe mourante.

Julien rechargea son fusil, couvrit Sofiane d'une salve précise.

— Ils contournent par la rivière ! cria-t-il.

— J'y vais ! hurla Sofiane. Garde le nord !

Il bondit, traversant les débris, l'arme serrée. Ses bottes s'enfonçaient dans la boue trempée de sang.

Le souffle court, il atteignit la rive, et vit trois silhouettes approcher en silence — masquées, rapides.

Il tira, deux tombèrent. Le troisième se jeta sur lui.

Le choc les fit rouler dans la terre. Le couteau de l'homme glissa sur la veste de Sofiane, arrachant un filet de sang à son flanc.

Sofiane riposta, frappa d'un coup sec. Le corps s'effondra dans un bruit humide.

Il resta là quelques secondes, haletant, avant de lever les yeux vers la ligne d'horizon.

Les fumées montaient. Le refuge n'était plus qu'un amas de feu et de ruines.

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Julien cria son nom depuis la passerelle :

— Sofiane ! Reviens ! Ils ont percé le sud !

— Tiens la ligne ! Je…

Un bruit assourdissant coupa sa phrase. Une roquette frappa le toit. Julien disparut dans une explosion de lumière et de flammes.

Sofiane courut, trébucha, hurla :

— Julien !!!

Il grimpa sur les gravats, chercha, fouilla entre les poutres calcinées. Une main dépassait des débris — inerte.

Son souffle se brisa.

— Non… non…

Le vacarme du combat semblait s'éloigner un instant. Le monde devint silencieux.

Puis un cri fendit l'air, venu du nord :

— Ils entrent !

Sofiane se releva, le regard noir, brûlant. Il ramassa le fusil de Julien, l'essuya du revers de sa manche.

— Vous voulez la guerre ? Alors venez.

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Dans les couloirs souterrains, Zahira faisait passer les survivants un à un.

— Vite, vite, ne regardez pas derrière.

Elle se retourna et aperçut Cynthia.

— Où est Mouna ?

— Elle… elle n'est pas revenue.

Zahira serra la mâchoire, attrapa Younes.

— Prends le tunnel. Je vais la chercher.

— Zahira, non !

— Emmène-le !

Cynthia voulut protester, mais Zahira avait déjà disparu dans la poussière.

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Dehors, les tirs se rapprochaient. Les silhouettes ennemies grimpaient les collines comme des ombres vivantes.

Et au milieu de la fumée, une figure s'avançait lentement, le visage découvert : Ayoub.

Son regard croisa celui de Sofiane, à travers la brume. Deux fantômes du même passé.

Ayoub leva la main, fit signe à ses hommes de s'arrêter.

— Alors c'est toi, murmura-t-il, la voix couverte par le vent. Le héros de pacotille.

Sofiane s'avança à son tour, les doigts crispés sur son arme.

— Ce n'est pas une guerre que tu veux. C'est une vengeance.

— Et toi ? Tu penses être différent ?

Un silence.

Puis un sourire glacé d'Ayoub :

— Tu as pris tout ce que j'avais. Maintenant, je vais te prendre le monde entier.

Sofiane tira.

Ayoub esquiva, riposta. Les balles sifflèrent. Les deux hommes se ruèrent l'un vers l'autre, à travers la pluie de feu, le chaos total.

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Plus loin, dans le tunnel, Cynthia courait, portant Younes dans ses bras.

Les explosions secouaient la terre. Le petit garçon pleurait, les mains sur les oreilles.

Cynthia trébucha, se redressa, haletante.

— Tiens bon, mon cœur… tiens bon…

Soudain, une silhouette apparut à l'autre bout du tunnel.

C'était Zahira, couverte de poussière, ensanglantée, mais debout.

— Dépêche-toi ! cria-t-elle. Le refuge… il s'effondre !

Et derrière elles, un grondement monta.

Un bruit sourd, monstrueux, comme la terre qui se déchire.

Le plafond craqua.

La lumière s'éteignit.

Et tout devint noir.

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