Les vents d’Ashen portaient encore l’écho du pacte.
Dans le palais draconique, les flammes vacillaient, comme si le monde lui-même hésitait à respirer.
Ryo observait l’horizon embrasé depuis la grande fenêtre du trône.
À ses côtés, Azdrael demeurait immobile, son regard fixé vers les montagnes noires.
Un frisson parcourut l’air.
La pierre vibra.
Un battement — lent, profond, ancien — résonna à travers le sol.
> « Ce n’est pas toi, » murmura le Roi, la voix lourde.
« Et ce n’est pas d’ici. »
Ryo fronça les sourcils.
Le palais semblait gémir, comme si une force invisible le pressait de l’intérieur.
Azdrael ferma les yeux un instant, puis les rouvrit — dorés, brûlants, emplis d’une peur qu’un Roi n’aurait jamais dû connaître.
> « Reste ici, humain. »
« Il est temps que je règle une dette que même les dieux ont voulu oublier. »
Sans un mot de plus, le Roi déploya ses ailes.
Le palais entier se mit à trembler lorsqu’il s’éleva, traversant les nuages d’un seul battement, son aura divine illuminant le ciel.
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Sous la terre, les chaînes millénaires se rompirent.
Une lumière dorée s’éteignit, remplacée par un abîme noir.
La montagne gémit, la roche fondit, et des flammes dévorèrent l’obscurité.
> « …Après tout ce temps… »
« Je suis enfin libre. »
Deux yeux dorés s’ouvrirent dans la nuit — et l’air lui-même recula devant leur éclat.
Le Dieu Déchu leva la tête, ses ailes brisant les parois de pierre comme du verre.
Ses flammes noires s’enroulèrent autour de lui, déformant la réalité, consumant l’air.
> « Ils m’ont trahi… Moi, le plus pur.
Ils ont choisi la faiblesse… la compassion.
Mais je reviendrai vers Lui. Mon seigneur m’attend. »
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Les nuages se fendirent.
Un éclat doré transperça les cieux — Azdrael.
Son cri résonna comme une lame céleste.
> « Draegon ! » rugit-il.
« Ton nom aurait dû mourir avec l’âge des dieux ! »
Le Dieu Déchu leva lentement la tête.
Un sourire se dessina sur son visage draconique, à la fois majestueux et terrifiant.
> « Azdrael… le Roi des chaînes.
Tu n’as rien appris, on dirait. »
Le sol s’effondra lorsqu’ils se firent face.
Deux titans, deux flammes issues du même créateur, séparés par la foi et la folie.
> « Tu n’auras pas le temps d’accomplir ta folie, Draegon, » déclara le Roi.
« Tant que je respire, ton seigneur ne reviendra pas. »
> « Alors brûle, Roi d’un royaume mourant. »
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Le ciel se déchira.
Lumière dorée contre flammes noires.
Le rugissement de leurs âmes fit éclater les montagnes d’Ashen.
Des torrents de lave jaillirent des failles, des éclairs pourpres frappèrent les cieux, et les vents hurlèrent de terreur.
Chaque coup résonnait comme la chute d’un monde.
Azdrael, auréolé de lumière divine, repoussait les griffes du Dieu Déchu.
Draegon, enveloppé d’ombre, riait à chaque impact, son pouvoir croissant comme une marée.
Leurs flammes se mêlèrent — or et noir — créant un brasier qui avala la vallée tout entière.
Les étoiles elles-mêmes semblèrent vaciller.
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Dans le palais, Ryo chancela.
L’aura des deux êtres se déchaînait dans son esprit comme une tempête divine.
Une lumière brûlante… une ombre glaciale.
Deux volontés si puissantes qu’elles effaçaient le monde autour d’elles.
> « …Qui de vous survivra ? » murmura-t-il.
Mais aucune réponse ne vint.
Seulement le rugissement des cieux, le grondement des flammes, et la lumière qui déchirait l’horizon.
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Quand le silence revint enfin, les montagnes fumaient encore.
Les cendres tombaient comme une pluie d’or et de suie.
Azdrael se tenait toujours debout, son corps marqué, ses ailes à demi-consumées.
Son regard demeurait fixé sur l’horizon vide où Draegon avait disparu.
Un vent froid traversa les ruines.
Le Roi ferma les yeux, son souffle encore brûlant de pouvoir.
Loin derrière lui, dans le palais silencieux, Ryo observait les flammes au loin.
Son cœur resta immobile.
Il ne savait pas qui, du Roi ou du Dieu Déchu, avait triomphé.
Seul le vent lui répondit.