Le ciel d’Ashen hurlait.
Les dragons, éparpillés dans les airs, rugissaient de fureur et de désespoir.
Le palais tremblait sous le choc de leurs cris — un grondement ancien, porteur de haine et de peur mêlées.
Sous la voûte écarlate des nuages, Ryo restait immobile.
Le feu du trône brûlait encore autour de lui, dessinant sur sa peau les runes dorées du Roi défunt.
Mais pour le peuple, il n’était rien d’autre qu’un intrus.
> « Il profane le trône ! »
« Le Roi est mort à cause de lui ! »
« Chassons-le ! Qu’il retourne parmi les mortels ! »
Les cris montaient, de plus en plus nombreux.
Les dragons du conseil, les anciens, même les plus jeunes — tous s’unissaient dans une même rage.
Certains prirent forme humaine, d’autres restèrent sous leur forme titanesque, les yeux brûlant d’un feu ancestral.
Le sol vibrait sous leurs pas.
Le vent lui-même semblait vouloir renverser le trône.
Ryo les observait, silencieux.
Aucune peur.
Aucune colère.
Juste… une lassitude ancienne, froide, presque divine.
Il leva lentement les yeux vers le ciel.
Son regard doré se teinta d’un éclat noir — un reflet d’abîme.
> « Assez. »
Sa voix n’était ni forte ni autoritaire.
Mais elle résonna dans tout le palais comme une déflagration.
Les dragons se figèrent un instant, surpris.
Puis l’un d’eux rugit :
> « Tu n’as aucun droit ici, humain ! Tu n’es pas— »
Le mot mourut dans sa gorge.
L’air se déforma.
Une pression invisible s’abattit sur le monde.
Ryo venait d’ouvrir une fraction — 5% — de son Mana du Vide.
Le ciel s’assombrit instantanément.
Les flammes s’éteignirent, étouffées par une force sans nom.
Les dragons tombèrent au sol, écrasés par un poids qu’ils ne pouvaient comprendre.
Leurs ailes se replièrent d’elles-mêmes, leurs cœurs tremblant comme des feuilles sous la tempête.
Les plus anciens suffoquaient, le visage contre la pierre.
Même les runes du trône grincèrent, incapables de supporter une telle pression.
Un simple souffle.
Un fragment d’éternité.
Et tout Ashen s’inclina.
Ryo ferma les yeux.
Ses cheveux flottaient dans un vent né du néant lui-même.
Autour de lui, la magie ne chantait plus — elle se taisait, effrayée.
> « Je ne suis pas votre ennemi, » dit-il calmement.
« Mais si vous osez profaner la mémoire de votre Roi… alors je vous rappellerai pourquoi il m’a choisi. »
Sa voix vibra à travers le royaume tout entier.
Les montagnes cessèrent de gronder.
Le ciel, lentement, retrouva ses couleurs.
Ryo abaissa la main.
L’aura du Vide se dissipa.
L’air revint, les flammes se rallumèrent — mais personne n’osa bouger.
Les dragons, pantelants, le regardaient avec terreur.
Ils venaient de comprendre.
Ce n’était pas un humain.
Ce n’était pas un dragon.
C’était autre chose.
Une entité portant le feu d’Ashen… et l’abîme du néant.
Ryo se détourna, son manteau soulevé par le vent.
Son regard se perdit vers l’horizon où la tempête divine s’éloignait.
> « Relevez-vous, fils du feu, » murmura-t-il.
« Car désormais, c’est l’ombre qui veillera sur vous. »
Et dans le silence lourd du palais, le peuple draconique s’inclina —
non par loyauté…
mais par peur.