« Tu m'as offert un nom, je t'offrirai une meute. »
—
On disait de Xù Liyan qu'il n'avait besoin de rien, ni de personne.
Mais même un soleil a besoin d'une ombre pour briller plus fort.
Et Xū Fang était devenu cette ombre.
Le palais extérieur grouillait de murmures.
Qui était ce nouveau garçon qui suivait le Prince Liyan comme un fantôme ?
Trop silencieux. Trop étrange. Trop… bizarre.
Il ne parlait à personne. Il regardait tout.
—
Dès l'aube, il s'entraînait à se mouvoir sans bruit, à lire sur les lèvres, à écouter sans être vu.
Il observait les eunuques, les consorts. Il absorbait tout.
Il imitait Liyan : sa démarche fluide, son regard froid, son sourire qui blessait sans un mot.
Et pourtant, jamais il ne quittait sa place d'animal.
Il dormait à ses pieds. Il servait le thé.
Et parfois, tard dans la nuit, il allait chercher du lait chaud pour Liyan, un simple geste…
Mais c'était toujours à genoux, les yeux baissés.
Un chien qui sert le lait à son maître.
Mais il pensait.
Et il apprenait.
—
Une nuit, alors qu'ils étaient seuls, Liyan l'observa longuement.
— « Tu apprends vite. Trop vite. »
Xū Fang leva les yeux.
— « Je n'ai pas le droit d'échouer. »
Liyan sourit, sans chaleur.
— « Tu me rappelles un chien errant que j'ai nourri quand j'étais petit. Il ne m'a jamais quitté. Même après que je l'ai battu. »
Il posa une main sur sa tête.
— « Toi aussi, tu reviens toujours. Fidèle. »
Xū Fang répondit sans détour :
— « Oui, sans aucune hésitation. »
Un silence.
Puis un éclat de rire. Rare.
— « Nail. C'est comme ça que je t'appellerai maintenant. »
Ce fut la première fois que Liyan le regarda comme un animal.
— « J'ai pensé au début qu'on était les mêmes, mais je me trompais.
Tu n'es pas comme moi. Tu es juste un chien. »
—
Le surnom se répandit.
Nail.
Le chien du Prince.
Silencieux. Loyal. Insupportable.
Certains disaient qu'il n'était pas humain.
D'autres, qu'il était l'animal de Liyan.
Tous avaient pitié de lui.
—
Un jour, alors qu'un haut dignitaire manquait de respect à Liyan en public, Nail le regarda.
Juste un regard.
L'homme frappa Nail violemment, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus bouger.
— « Tu n'es qu'un chien. N'oublie pas ta place. »
Liyan le regarda, sans rien dire. Puis partit.
Après un long moment, Nail se releva, du sang au coin des lèvres, le bol de lait encore renversé dans sa main tremblante.
Il essuya ses larmes. Et suivit son maître, en silence.
On murmura qu'il connaissait sa place.
On murmura qu'il était un chien sans peur.
On murmura que même les dieux ne pouvaient pas créer un esclave aussi parfait.
Mais Nail restait là.
Toujours à côté du Prince.
Toujours derrière.
Toujours en train de regarder.
Parce qu'un jour…
Il ne serait plus l'ombre.
Il serait le feu.
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Fin du Chapitre 2