À l'intérieur de la tour des Avengers, dans une pièce couverte d'écrans et au sol de marbre poli, l'équipe de héros se tenait rassemblée autour d'un moniteur en particulier.Sur cet écran, on pouvait voir Ace, endormi, plongé dans un sommeil profond.Les Avengers l'observaient en silence — certains avec méfiance, d'autres avec curiosité.
— On devrait peut-être garder quelqu'un pour le surveiller, au cas où… dit Natasha, la voix pleine de prudence.
Avant que quiconque ne réponde, la fille rousse, assise un peu plus loin, se leva lentement.— Je peux le surveiller, si vous voulez, proposa-t-elle en se désignant du doigt d'un air innocent.
Les Avengers la regardèrent un instant, surpris par sa proposition.Puis Tony prit la parole, sans son habituel ton sarcastique :— C'est pas contre toi, gamine… mais s'il venait à se réveiller et qu'il décidait de s'échapper, il pourrait faire pas mal de dégâts.
La jeune fille le fixa calmement, puis retroussa sa manche. Sur sa peau apparurent des runes lumineuses, gravées comme des cicatrices mystiques.— Vous voyez ces runes étranges ? Elles me lient à lui d'une certaine manière. Si jamais il s'apprête à faire quelque chose de dangereux, je le saurai immédiatement.Sa voix était douce, mais ferme — elle n'avait pas peur.
Un silence suivit sa déclaration. Les Avengers échangèrent des regards incertains.Puis, soudain, un mouvement sur l'écran attira leur attention : Ace venait de bouger.Ils se tournèrent tous vers la caméra, concentrés, prêts à réagir. Personne ne quitta la salle.
De son côté, Ace se trouvait à nouveau dans son espace mental.La mer blanche qui symbolisait son âme était agitée, déchaînée — comme si une tempête s'y préparait.Il regardait autour de lui, perdu, incapable de comprendre ce qui se passait.
Une voix familière résonna soudain :— Si tu veux que ça se calme, il faut que tu apprennes à te maîtriser.
Ace se retourna brusquement, et Ulysse, son épée parlante, apparut devant lui dans un éclat de lumière argentée. Il sursauta, puis souffla un peu, reprenant contenance.
— Qu'est-ce que tu veux dire par "me maîtriser" ? demanda-t-il, confus.
L'épée resta silencieuse un moment, avant de répondre d'une voix calme et profonde :— Tes pouvoirs ne sont pas un don, Ace. Ils font partie intégrante de toi. Ils réagissent autant à tes émotions qu'à ton subconscient. Si ton âme est agitée, c'est parce que tu n'as pas encore fait ton deuil. Et tant que tu resteras prisonnier de ta colère, ton subconscient contrôlera tout… comme au bunker.
Ace serra les poings. Sa gorge se serra, les mots lui brûlaient presque les lèvres.— D'accord, mais je ne peux pas… les laisser vivre, pas après ce qu'ils ont fait. Ils m'ont tout pris.
Ulysse émit une légère vibration, comme un rire amer.— Qui t'a dit que tu devais les laisser vivre ? répondit-il, surprenant Ace.— Faire ton deuil et te venger, ce sont deux choses différentes. Faire ton deuil, c'est accepter qu'une personne ne reviendra plus. Te venger, c'est punir ceux qui t'ont volé ce qu'elle représentait.
Sa voix, bien qu'implacable, portait une sagesse ancienne.Même s'il n'était qu'une épée, Ulysse considérait Ace comme son petit frère.À travers l'âme du jeune homme, il avait vu toute sa vie : Johnny, l'orphelinat, la douleur, la perte… et la rage.La mort de Johnny l'avait blessé, lui aussi.
Ace écouta en silence. Les paroles d'Ulysse résonnaient dans sa tête comme un écho grave et apaisant.Peu à peu, il comprit. Se précipiter vers la vengeance ne ramènerait personne. Il devait d'abord retrouver son équilibre.
Et, comme pour répondre à cette prise de conscience, la mer blanche autour de lui se calma d'elle-même. Les vagues devinrent douces, paisibles.Ace leva la main. Une flamme noire apparut au bout de ses doigts. Elle dansait tranquillement, légère et stable.
— Tu vois ? C'est pas si compliqué, lança Ulysse d'un ton sarcastique.
Ace leva un sourcil, amusé malgré lui. Puis une idée lui vint.— Dis, Ulysse… est-ce que je peux t'utiliser dans le monde réel ? Ou tu n'es qu'un coach de mon espace mental ?
L'épée resta silencieuse une seconde avant d'éclater d'un rire clair et vibrant.— Bien sûr que tu peux m'invoquer dans le monde réel ! répondit-elle, amusée.
Ace resta perplexe.— D'accord, mais… comment je fais, du coup ?
— C'est simple, dit Ulysse. Il suffit que tu le veuilles.
Ace haussa un sourcil.— Comment ça, "il suffit que je le veuille" ?
— Exactement comme je viens de le dire, répondit l'épée avec calme. Pas de rituel, pas de formule, pas de secret caché. Juste ta volonté.
Ace éclata de rire. Il s'était attendu à un long processus, pas à une explication aussi… simpliste.Après avoir ri quelques secondes, il hocha la tête et lança :— Merci, Ulysse.
L'épée vibra une dernière fois, et Ace sentit son corps se dissoudre dans la lumière.
Pendant ce temps, dans la salle de surveillance, la jeune fille rousse observait toujours l'écran.Ses runes brillaient légèrement, d'une lueur bleutée. Des fragments du passé d'Ace dansaient dans son esprit — son enfance, sa douleur, son courage.Puis, un instant plus tard, les runes virèrent au vert, lui offrant une vision du futur : Ace, debout, les flammes sous contrôle, se préparant à affronter ceux qui avaient détruit sa famille.
Elle posa la main sur son cœur.— Peu importe les sacrifices… je le suivrai, murmura-t-elle. Je lui dois la vie.
Le loup, allongé à ses côtés, leva la tête et grogna doucement, comme s'il approuvait son choix.Les deux savaient qu'un nouveau voyage venait de commencer.