Les hurlements des Loups Sentinelles secouèrent toute la forêt.
Leurs crocs luisants reflétaient la pâle lumière de la lune, tandis que leurs griffes labouraient la terre noire.
Ils encerclèrent Ryo.
Des dizaines de paires d’yeux écarlates, toutes braquées sur lui.
Rage. Vengeance. Ils savaient. Ils avaient vu l’un des leurs tomber.
Ryo recula d’un pas, le souffle coupé.
Ses mains tremblaient encore du pouvoir qu’il n’avait jamais voulu libérer.
Ses jambes menaçaient de céder sous lui.
« …Ils sont trop nombreux… Je… je vais mourir ici. »
Le premier loup bondit, suivi de deux autres.
Un mur de crocs et de griffes.
Alors, la voix s’éleva.
Ni autoritaire, ni cruelle. Douce, comme un murmure dans la tempête.
Gabriel (murmurant) :
« Tu rejettes ce que tu es… pourtant, c’est ton seul bouclier.
Prononce un mot, et la terre elle-même pliera.
Utilise l’Isolation de la Terre… et rien ne t’atteindra. »
Les yeux de Ryo s’écarquillèrent de stupeur.
Isolation… de la Terre ?
La peur, le doute, la colère — tout se mélangeait dans son esprit.
Mais alors que les crocs approchaient de sa gorge, un seul mot s’échappa de ses lèvres.
Presque malgré lui.
Ryo :
« …Isolation de la Terre. »
Et le monde se brisa.
Un cercle sombre se déploya sous ses pieds, s’étendant comme une marée invisible.
Le sol trembla. Le vent s’éteignit.
Soudain, tout devint lourd.
Écrasant.
Les Loups Sentinelles s’effondrèrent sur le sol, incapables de bouger.
Leurs griffes déchiraient la terre, mais leurs muscles refusaient d’obéir.
Leurs hurlements s’étouffèrent dans le silence.
Ryo resta figé, haletant, devant l’impensable :
des fils d’ombre, faibles mais visibles, reliaient les bêtes à sa main.
Une chaleur étrange monta en lui.
Un flot de connaissance.
De puissance.
Le cri d’un loup s’éteignit, remplacé par une voix muette dans son esprit :
> Compétence acquise : Vision Nocturne.
Compétence acquise : Crocs Déchirants.
Compétence acquise : Instinct de Meute.
Ryo chancela, à bout de souffle.
Il comprit.
Ce pouvoir… ne faisait pas que détruire.
Il volait. Il absorbait.
Le silence revint, lourd, irréel.
La meute gisait, brisée.
Seule la respiration hachée de Ryo résonnait dans la nuit.
Il leva les yeux vers le ciel, une lueur nouvelle dans le regard :
mélange de peur… et de détermination glacée.
Ryo (pensée) :
« …Si tel est mon fardeau… alors je n’ai plus le droit de fuir. »
Et pour la première fois, il fit un pas en avant.
Non pour fuir…
Mais pour prononcer son propre Jugement.