LightReader

Chapter 10 - L’Ombre et la Flamme

Alors que Ryo s’entraînait dans le silence éternel du Vide, il ignorait qu’à l’extérieur, le sang et le feu dévoraient déjà tout ce qu’il avait voulu protéger.

Cent ans pour lui… vingt heures pour le monde.

Suffisamment de temps pour que la peur devienne une peste.

Le ciel au-dessus des plaines était cramoisi.

Les arbres se consumaient encore, les pierres portaient la trace de pas monstrueux, et les villages hurlaient sous la marche d’un pouvoir ancien.

Les rumeurs se répandirent — puis la terre elle-même retint son souffle : un Démon Suprême approchait.

Ryo vit l’horizon en flammes avant d’atteindre le village.

Il s’arrêta sur la crête, immobile, la vision des ruines le frappant comme un coup silencieux.

Puis une voix familière résonna dans son esprit — calme et profonde.

> « Le Vide n’est pas un sceau, Ryo. C’est ton réservoir.

Toute ton aura y repose — vaste, contenue.

Si elle se déversait dans ce monde, le continent tout entier se briserait.

Je régule le flux… pour que le monde ait le temps de vivre. »

Ryo inspira lentement.

Il sentait cette énergie lovée sous sa peau — dense, immense, prête à se libérer.

Il murmura :

> « Alors je n’en utiliserai qu’une seule goutte. »

Le sol trembla.

Au loin, une silhouette apparut — grande, élancée, drapée d’un manteau noir tissé d’ombre pure.

Sa peau luisait d’un gris pâle sous les flammes, et ses yeux dorés brûlaient d’une arrogance glaciale.

Le Démon Suprême esquissa un sourire en voyant Ryo.

> « Quelle ironie… un humain assez fou pour se dresser devant moi. »

Sa voix dégoulinait de mépris.

« Tu ne dégages même pas une étincelle de puissance.

Aucune aura. Aucune présence. Et pourtant tu oses me défier ? »

Ryo ne répondit pas.

Il fit un pas en avant, calme.

> « Si tu veux détruire ce village, il faudra d’abord me passer dessus. »

Le démon éclata de rire — fort, cruel, résonnant.

> « Sais-tu seulement ce que tu affrontes ?

Je suis la fin des royaumes, la flamme qui dévore les mondes… et toi, tu n’es qu’une poussière prête à disparaître. »

Il disparut dans un éclair.

L’air se déchira.

Son poing frappa le sol comme un tonnerre divin, fendant la terre et projetant une onde de choc qui pulvérisa tout sur son passage.

Mais l’instant d’après, le son s’effaça.

L’impact avait été avalé par le silence.

Autour de Ryo, le monde sembla se figer — plus de feu, plus de vent, plus de bruit.

Chaque coup du démon se dissolvait, comme si la réalité refusait de l’admettre.

Le Démon Suprême recula, les yeux écarquillés.

> « Impossible… comment un mortel peut-il effacer mon pouvoir ?! »

Ryo avança lentement, le regard calme — plus froid que l’acier, plus profond que la nuit.

> « Ce que tu appelles pouvoir n’est que destruction.

Tu détruis parce que tu n’as jamais compris ce que signifie protéger. »

Furieux, le démon déchaîna tout : flammes, éclairs, vagues d’énergie noire déchirant l’espace lui-même.

Le sol s’effondra sous ses pas, l’air se distordit…

Et pourtant, rien ne toucha Ryo.

Tout s’éteignit avant de l’atteindre, dévoré par une force invisible.

Alors, Ryo leva la main — un simple geste, sans effort.

L’air se mit à onduler.

Et dans son esprit, le murmure de Gabriel résonna de nouveau :

> « Une seule goutte suffit. »

La lumière éclata l’espace d’un battement de cœur — puis s’éteignit.

Quand le monde revint, le démon avait disparu.

Seules des cendres flottaient dans le vent.

Ryo se tenait seul au milieu des ruines.

Les survivants sortirent lentement de leur cachette — certains tremblants, d’autres murmurant entre peur et admiration.

Eran s’approcha, hésitant.

> « Ryo… qu’est-ce que tu viens de faire ? »

Le jeune homme ne répondit pas.

Il regarda ses mains — calmes, immobiles — puis leva les yeux vers le ciel rouge.

Dans son esprit, la voix de Gabriel revint — grave, mais apaisée.

> « Maintenant tu comprends.

Le Vide n’est pas ton arme, c’est ton reflet.

Il prend la forme de ce que tu es.

Tant que ton cœur restera calme, il protégera.

Mais si tu vacilles… il dévorera le monde. »

Ryo ferma les yeux et expira lentement.

> « Alors je veillerai à ce qu’il ne ressente jamais la faim. »

Le vent se leva, emportant les dernières cendres.

Ryo tourna le dos au village.

Derrière lui, les murmures mêlaient la peur à la reconnaissance.

Devant lui, l’horizon brûlait encore — promesse ou avertissement.

Le Vide reposait en lui, silencieux.

Mais cette fois… il ne l’écrasait plus.

Il le comprenait.

More Chapters